La CFDT-Cheminots va déposer "dès ce soir ou demain" un préavis de grève reconductible à partir du 5 décembre, jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, a déclaré jeudi Didier Aubert, secrétaire général du quatrième syndicat de la SNCF. "Le gouvernement n'a pas mesuré les attentes des cheminots" qui ont "besoin d'être rassurés", a-t-il déploré à l'issue d'une réunion au ministère des Solidarités avec le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
"Le maintien du régime spécial"
Le syndicat pourrait toutefois ne pas appeler à faire grève s'il obtient satisfaction au cours des prochains jours. S'il n'est pas opposé à un régime universel, il réclame "le maintien du régime spécial" de retraite pour les salariés de la SNCF sous statut de cheminot, a indiqué Didier Aubert. Par ailleurs, le secrétaire général est persuadé "que'avec une bonne négociation, on peut minimiser les incidents sur ce conflit".
Cette réunion était la deuxième table ronde prévue dans le cadre de la concertation sur la réforme des retraites. La première, fin octobre, avait déjà été boycottée par la CGT-Cheminots et SUD-Rail qui réclament l'abandon du projet de système universel de retraite par points. Ces deux syndicats (respectivement première et troisième organisation à la SNCF) avaient aussi refusé de participer aux réunions bilatérales organisées par le gouvernement entre les deux tables rondes. "Cette contre-réforme va brutalement impacter le régime spécial des cheminots", dénonce SUD. La CGT "exige le maintien du régime spécial de retraite des cheminots et la pérennisation de son financement".
Appel à "se mobiliser massivement"
CGT, Unsa et SUD ont signé lundi un appel unitaire à une grève illimitée, reconductible par période de 24 heures, mais l'Unsa avait choisi de prendre part à la concertation. Dans leur appel à "se mobiliser massivement à partir du 5 décembre", les trois premiers syndicats représentatifs de la SNCF ajoutent au rejet de la réforme des retraites des revendications propres à l'entreprise et à la branche ferroviaire, notamment en termes d'emploi, de salaire ou de sous-traitance.
La bataille des retraites arrive à la SNCF sur un champ miné par des mois de tensions sociales et à la veille du grand chamboulement de janvier 2020 : fin des recrutements au statut de cheminot, transformation du groupe en sociétés anonymes, tandis que sera lancée dès début décembre l'ouverture progressive à la concurrence du transport intérieur de voyageurs. Une autre table ronde au ministère, initialement programmée jeudi matin pour les trois organisations représentatives de la RATP, a été annulée faute de participants syndicaux. L'Unsa, la CGT et la CFE-CGC de la régie appellent également à une grève illimitée à partir du 5 décembre contre la réforme des retraites.