"Retirez-vous monsieur Fillon !" Le PS se fend d’un communiqué pour demander officiellement le retrait de François Fillon. Et les socialistes ne font pas dans la dentelle : ils condamnent François Fillon en invoquant "le dégoût des Français" ainsi qu'une "candidature absurde et dangereuse". Emmanuel Macron ne n’a pas dit autre chose au micro de LCP : "Je ne donne pas de leçon de morale, mais l’exemple de Bruno Le Roux montre que la responsabilité existe en politique". En deux minutes, face caméra, le candidat exécute François Fillon avec une gourmandise qu’il a du mal à dissimuler.
Faire fi de la présomption d'innocence. Le Parti socialiste et Emmanuel Macron, dans un bel ensemble, invoquent Saint-Bruno Le Roux démissionné en 22 heures chrono, et devenu victime expiatoire qui, par son sacrifice, condamne l’acharnement de François Fillon. Et le PS, noir sur blanc, l’assume et l’écrit, s’asseyant sur la présomption d’innocence et considérant que les soupçons sont tels que le candidat de la droite est condamné.
"J'ai beaucoup de respect pour Bruno Le Roux", assure @EmmanuelMacron, qui salue une "décision responsable". #AMF2017#Presidentielle2017pic.twitter.com/hYOtWjFY35
— LCP (@LCP) 22 mars 2017
La question de la moralité des responsables publics, François Fillon lui-même l’a amené dans le débat de lundi sur TF1, il en avait également fait un argument dans la campagne de la primaire de la droite. Le Sarthois avait fait la leçon à Nicolas Sarkozy, en l’occurrence en invoquant la nécessité d’être irréprochable pour gouverner. Et il aurait dû se méfier de l’effet boomerang. Mais en quoi cela autorise-t-il, aujourd’hui, le PS et Emmanuel Macron à le juger coupable et à le condamner ?
La gauche de Robespierre. Cela donne au condamné un argument politique de plus pour se maintenir. Pourquoi ? Parce que François Fillon depuis le début de cette affaire évoque l’instrumentalisation de la justice, le complot de la gauche au pouvoir. Et depuis le début de cette affaire, la gauche répond en écho : séparation des pouvoirs, indépendance de la justice. Jusqu’à aujourd’hui : le PS et Emmanuel Macron ont décidé de se substituer aux juges pour condamner leur adversaire et exiger son retrait.
La gauche Robespierre est de retour, et elle veut couper des têtes. Peut-être que celle de François Fillon finira dans le panier de la guillotine, mais rien ne dit que cela sauvera ceux qui, aujourd’hui, réclame la sienne.