Laurent Fabius quitte le Quai d'Orsay mais entend rester président de la COP21 jusqu'au mois de novembre, date de la passation de pouvoirs avec le Maroc. Mais c'était sans compter sur Ségolène Royal qui estime que le poste lui revient dès lors que l'ancien ministre rejoindra le Conseil Constitutionnel. Ce vendredi, elle déclare qu'il faut "clarifier les règles du jeu". Interrogé quelques heures plus tard, après sa passation de pouvoir avec Jean-Marc Ayrault, Laurent Fabius a confirmé d'un "oui" amusé, qu'il serait bien président de la COP21.
Une guéguerre pour quelques mois de présidence. Laurent Fabius quitte le Quai d’Orsay et rejoint le Conseil Constitutionnel. Mais il désire rester président de la COP21 encore quelques mois, jusqu’au passage de flambeau pour la COP22, qui se tiendra à la fin de l'année au Maroc. "C'est une position bénévole qui n'a pas d'incidence ou de contradiction avec le gouvernement", a-t-il soigneusement fait savoir. "J'ai été élu à cette fonction internationale, personnelle et non-rémunérée, j'irai jusqu'au bout", anticipait-il en janvier dans un entretien au JDD. Mais ce n'est pas du goût de Ségolène Royal, qui a indiqué dès jeudi qu’elle reprendrait après le remaniement "la totalité de l’application de l’accord de la COP21". Concrètement, l'accord de Paris sur le climat entre dans sa phase de ratification et doit encore être signé en avril à l’ONU. Vendredi, la ministre de l’Environnement a estimé qu'il fallait "clarifier les règles du jeu" concernant le cumul par Laurent Fabius des fonctions de président du Conseil constitutionnel et de président de la COP21 sur le climat."J'attends qu'on me dise exactement comment cela va se passer", a-t-elle déclaré à la presse.
Qui va trancher cette querelle entre Royal et Fabius ? Ce sont les Sages du Conseil Constitutionnel qui devraient trancher. Si Laurent Fabius est nommé à la présidence de l'institution, le Conseil constitutionnel se prononcera sur la possibilité pour Laurent Fabius de conserver la présidence de la conférence sur le réchauffement climatique COP21. L'actuel président des Sages, Jean-Louis Debré, a expliqué que "le Conseil va décider hors la présence de l’intéressé". Conseil constitutionnel est "incompatible avec l'exercice de toute fonction publique et de toute autre activité professionnelle ou salariée", a-t-il ajouté. Un avis partagé par les juristes et notamment par Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à Paris I.
" Que le président du Conseil garde un bureau au sein de l'exécutif, ça paraît très surprenant au vu du principe de la séparation des pouvoirs. Montesquieu va se sentir mal! "
Fabius et Royal, une longue histoire de rivalité. L'inimitié des deux poids lourds socialistes est connue de tous. Il y a dix ans, ils étaient déjà été rivaux à la primaire socialiste de l'automne 2006, remportée haut la main par Ségolène Royal avec plus de 60% des voix au premier tour. "Qui va garder les enfants maintenant ?", avait lâché avec mépris Laurent Fabius. Une rivalité ravivée en avril 2014, lorsque Ségolène Royal entre au gouvernement. La COP21 est en préparation, elle veut y prendre part. François Hollande connaît le contentieux qui oppose de longue date ses deux ministres et partage les rôles entre les deux : Fabius présidera la conférence, Royal siégera pour la France. Mais la décision ne satisfait pleinement personne, et re-déclenche les hostilités. "Il est allé chouiner chez le président", persifle Ségolène Royal, selon L’Express. "Elle est allée pleurer à l'Elysée", rétorque Laurent Fabius, toujours selon l’hebdomadaire.