Le président américain Donald Trump veut croire à l’élaboration rapide d’un vaccin contre le Covid-19, "d’ici la fin de l’année, peut-être avant". Mais pour la ministre française de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, ce délai semble impossible à tenir, à moins de prendre de très gros risques avec la santé des patients. "La recherche sur un vaccin prend habituellement plusieurs années. Laboratoires et chercheurs nous disent que l’accélération observée dans les essais cliniques laisse espérer un vaccin à l’horizon de 18 mois", a-t-elle déclaré samedi, au micro de la matinale d'Europe 1.
Aucun vaccin ne devrait donc voir le jour avant l'automne 2021, dans le meilleur des cas. "Il n’est pas raisonnable de penser que l’on puisse aller plus vite que ça, sauf à mettre en danger la sécurité des gens, ce qui est impossible", avertit la ministre.
"Un vaccin doit être un bien mondial"
Alors que des déclarations du patron de Sanofi, selon lesquelles la production d’un éventuel vaccin serait en priorité réservée aux Américains, ont suscité une vive polémique en fin de semaine, Frédérique Vidal se félicite de voir que le dirigeant du groupe est finalement revenu sur ses propos. "Il était inacceptable, alors que nous sommes en pandémie mondiale, de réserver un vaccin à un pays plutôt qu’à un autre pour des raisons pécuniaires", s’agace cette ancienne biochimiste, précisant que l’Union européenne investit également massivement dans la mise au point d’un vaccin. "Evidemment, la France aussi cherche un vaccin, pour le mettre à disposition des populations. Un vaccin doit être un bien mondial."
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Où en est le projet Discovery ?
En parallèle de la recherche pour un vaccin, le projet Discovery, qui devait permettre de tester sur plus de 3.000 cobayes un traitement à base d’hydroxychloroquine semble patiner, puisque seuls 700 cobayes français ont été testés à ce jour. "C’est un essai clinique lancé au niveau européen, sous l’impulsion de la France. Nous avons réagi très vite avec l’inclusion de premiers patients dès le mois de mars. Les autres pays sont toujours dans ce projet, et commencent à inclure", explique la ministre. "On a toujours l’impression que les choses ne vont pas assez vite, mais on apprend beaucoup de choses grâce à cet essai. Il est très important qu’il puisse se poursuivre", assure-t-elle.