Il aura fallu moins de 24 heures entre la révélation de l’affaire Le Roux et sa démission. Mardi, en fin de journée, le ministre de l'Intérieur a annoncé son départ suit à l’ouverture d’une enquête préliminaire du Parquet national financier pour avoir employé ses deux filles en CDD alors qu'elles étaient mineures. Une affaire qui tombe franchement mal pour la campagne de Benoît Hamon, le candidat socialiste à l’élection présidentielle, qui peine toujours à créer une véritable dynamique.
Un mardi noir pour Hamon. Pour l’ex-frondeur, en déplacement à Bruxelles mardi, la journée n’avait rien d’une partie de plaisir entre cette affaire et le décès d'un de ses proches et mentor, Henri Emmanuelli. Il a peiné à contenir ses larmes lorsqu’il apprend la nouvelle. Plus tard, sa voix se brise lorsqu’il évoque la mort de l’ancien premier secrétaire du PS. "Là où il est, je l’imagine grommeler en disant : ‘Tais-toi, tu en as déjà assez dit’. Mais je veux lui dire combien il me manque et il nous manquera", souffle-t-il au milieu d’un meeting, la gorge nouée par les sanglots.
Un rythme trop soutenu ? À la tristesse s’ajoute la fatigue d’un rythme de campagne effréné. Un proche s’inquiète : "Je n’arrête pas de lui dire : Benoît, il faut que tu allèges ton agenda". Mais pour l’instant, c’est l’organigramme de campagne qui s’est allégé. Matthias Fekl, nommé place Beauvau en remplacement de Bruno Le Roux va devoir prendre du champ avec l’équipe du candidat, et se consacrer à sa nouvelle tâche. L’affaire Bruno Le Roux est un coup dur pour le candidat qui avoue : "Ça n’est pas bon pour moi, il y a une symétrie avec l’affaire Fillon."
La menace Mélenchon. Une mauvaise nouvelle donc, qui tombe au lendemain d’un débat présidentiel en demi-teinte où, de l’avis même de ses proches, Benoît Hamon est apparu académique, effacé par rapport à Jean-Luc Mélenchon. Car la hantise du camp Hamon, c’est désormais de voir les courbes se croiser avec le leader de la France insoumise dans les intentions de vote.