Une visite en Suède annulée, une autre en Albanie écourtée, des appels à se rendre au Proche-Orient : Emmanuel Macron voit son agenda bousculé par la nouvelle déflagration israélo-palestinienne et le retour des attentats djihadistes en Europe. Dernière annonce en date : la visite d'État du président français en Suède programmée du 23 au 25 octobre a été reportée mercredi à une "date ultérieure" alors que Stockholm a été frappé de plein fouet par une attaque, revendiquée par l'Etat islamique, en Belgique contre deux de ses ressortissants.
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Une nouvelle date pour la visite en Suède trouvée "au plus vite"
Emmanuel Macron et le roi Carl XVI Gustaf ont conjointement décidé de ce report, ont annoncé les deux capitales, ajoutant qu'une nouvelle date serait trouvée "au plus vite". Après l'assassinat d'un enseignant par un jeune radicalisé à Arras dans le Pas-de-Calais, le chef de l'Etat avait déjà renoncé à assister à un sommet des Balkans lundi à Tirana pour ne plus honorer que la deuxième partie du programme, la visite bilatérale en Albanie.
Alors que la France est plongée dans le deuil, il a aussi reporté l'inauguration de son grand projet culturel, la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, an nord de Paris, pour se rendre aux obsèques de l'enseignant jeudi. Emmanuel Macron a également renoncé à ouvrir la première réunion de la Coalition mondiale pour l'alimentation scolaire à Paris mercredi matin en raison d'une série de réunions à l'Elysée avant le conseil des ministres hebdomadaire.
Tout déplacement dans le Proche-Orient semble exclu, pour le moment
L'heure est au recueillement et à "l'unité nationale", a martelé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Le président de la République se doit d'être auprès des Français, de surcroît en pleine alerte attentats sur le territoire national, souligne son entourage. Tout déplacement au Proche-Orient semble pour l'instant exclu, même si le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz ont fait le choix de s'y rendre sans tarder. "Ce n'est pas envisagé à court terme", relève-t-on à l'Elysée.
Depuis Tirana, le chef de l'Etat a martelé mardi qu'il ne se rendrait dans la région que lorsqu'il y aura un "agenda utile et des actions très concrètes à y conduire". À droite, certains réclament haut et fort une visite "le plus tôt possible" pour marquer le soutien à Israël alors que le pays est engagé dans une nouvelle épreuve de force contre le Hamas après la mort de 1.400 Israéliens dans des attaques sans précédent le 7 octobre. "J'aurais aimé qu'il y aille en premier (..) Il faut vraiment que notre solidarité soit à toute épreuve", a lancé le chef de file des sénateurs républicains, Bruno Retailleau, mercredi sur Radio J.
"Il faut prendre le temps", avance Sacha Houlié
Ce à quoi l'Elysée répond que le président a parlé à tous les dirigeants de la région, parfois plusieurs fois, depuis le 7 octobre, et que son soutien à Israël est sans faille, tout comme ses efforts pour empêcher une escalade dans la région et obtenir la libération des otages pris par le Hamas. Le contexte n'est peut-être pas non plus le plus favorable alors que chaque camp fourbit ses armes et que le monde arabe, chauffé à blanc par la mort de milliers de Palestiniens - dont près de 500, selon le Hamas, mardi dans la frappe d'un hôpital à Gaza - risque de s'embraser contre l'Occident, accusé de soutenir sans réserves Israël.
Des milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés mercredi devant l'ambassade de France à Tunis pour exprimer leur colère après le tir meurtrier sur l'hôpital, dénonçant des "Français et Américains alliés des sionistes". Israël dément toute responsabilité dans cette frappe, qu'il impute à une erreur du tir du Djihad islamique côté palestinien.
"Les visites de Joe Biden et Olaf Scholz ont dû être écourtées (..) Ecourtées parce que Olaf Scholz essuie des tirs, sur place, parce que le président Biden n'a pas été reçu en Jordanie" après le drame de l'hôpital, a relevé le député de la majorité présidentielle, Sacha Houlié (Renaissance), sur Sud Radio. "Cela montre qu'il est parfois inutile de se rendre sur place (...) qu'il faut prendre le temps, pour ne pas dire de bêtises", conclut-il.