Le Rassemblement national de nouveau touché au portefeuille. Une semaine après que la justice française a décidé de saisir 2 millions d’euros au parti de Marine le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires européens présumés fictifs, c’est au tour du Parlement européen de couper les vivres, comme le relate le Journal du Dimanche.
Le Parlement européen soupçonne des détournements. L’institution de Strasbourg a décidé de geler les subventions attribuées au Rassemblement national (ex-Front national) pour financer leurs activités ou recruter des collaborateurs. En cause : des soupçons de détournements. L’avocat du Parlement européen, Antoine Maisonneuve, indique au JDD que d’autres privations de moyens pourraient être décidées, l’institution chiffrant le préjudice à 7 millions d’euros.
Jean-Marie Le Pen fait valoir son immunité parlementaire. L’enquête a été ouverte en 2015 à la suite d’un signalement de Martin Schulz, alors président du Parlement européen. Plusieurs membres du parti ont depuis été mis en examen à l'image de Marine Le Pen, Nicolas Bay, vice-président du RN, ou bien encore Bruno Gollnisch. Jean-Marie Le Pen devait également être entendu par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales mais il a fait valoir son immunité parlementaire.
Les juges d’instruction devraient demander prochainement au Parlement européen la levée de cette immunité. "Les investigations ont établi que 23 des 54 assistants parlementaires recensés déclaraient le siège du FN (devenu RN) comme lieu de travail, et huit d’entre eux y exerçaient à temps plein", souligne le JDD.
"Ils sont très bien payés et vu ce qu’ils foutent au Parlement européen, ils pourront fournir des notes." La présidente du parti, Marine Le Pen, est également directement mise en cause par le témoignage de Sophie Montel, députée européenne dissidente. En juillet 2017, une réunion est organisée au siège du parti pour évoquer le manque de personnel. Selon la déposition de Sophie Montel, Marine Le Pen aurait alors déclaré : "Ce n’est pas grave, on n’a qu’à prendre les assistants parlementaires, ils sont très bien payés et vu ce qu’ils foutent au Parlement européen, ils pourront fournir des notes."
Les investigations se poursuivent. Face à ces saisies, Marine Le Pen a décidé de lancer un appel aux dons. Le parti a avancé avoir déjà recueilli plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais les investigations se poursuivent sur de nombreux autres emplois controversés et d’autres coupes dans les subventions pourraient survenir.