Jean-Marie Le Pen refuse de se rendre à sa convocation en vue de sa mise examen dans l'enquête à Paris sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants d'eurodéputés frontistes, selon son courrier au juge d'instruction consulté mercredi.
Le cofondateur du Front national, devenu Rassemblement national (RN), est convoqué jeudi au tribunal de Paris, selon son entourage. Pour justifier son refus, Jean-Marie Le Pen invoque notamment le recours qu'il a formé contre la levée de son immunité parlementaire, votée le 12 mars par le Parlement européen et qui avait ouvert la voie à cette convocation.
L'eurodéputé fait aussi valoir que le juge a demandé la levée de son immunité pour plusieurs chefs, dont notamment l'abus de confiance, l'escroquerie en bande organisée et le travail dissimulé, mais pas pour "détournement de fonds publics et complicité". Or ces infractions sont aussi visées par l'information judiciaire en cours et Jean-Marie Le Pen en conclut qu'il est fondé à faire valoir encore son immunité parlementaire.
19 personnes mises en examen
Saisis depuis fin 2016, les juges d'instruction soupçonnent le RN et ses dirigeants, dont Marine Le Pen, d'avoir "de manière concertée et délibérée" mis en place un "système de détournement" des enveloppes allouées par l'UE à chaque député pour rémunérer des collaborateurs parlementaires (21.000 euros mensuels), afin de permettre au parti de faire des économies sur ses salaires. À mi-mars, les juges avaient mis en examen 19 personnes dont Marine Le Pen, Wallerand de Saint-Just et Louis Aliot ainsi que le parti pour "détournement de fonds publics" ou complicité, dans cette information judiciaire également ouverte pour "escroquerie en bande organisée". Cette liste pourrait encore s'allonger à l'issue de nouvelles convocations, selon une source proche du dossier.
Le Parlement européen a estimé son préjudice à 6,8 millions d'euros sur la période 2009-2017 mais les investigations qui visent les cas de 17 députés portent sur des faits remontant jusqu'à 2004. Parmi eux, Jean-Marie Le Pen, qui siège à l'assemblée européenne depuis 1984. Le "menhir" est notamment suspecté d'avoir rémunéré son ancien garde du corps Thierry Légier et Micheline Bruna, qui fut sa secrétaire particulière, sous couvert de contrats d'assistants parlementaires.