Législatives, réformes, dissolution de l'Assemblée... Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Emmanuel Macron

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avec AFP , modifié à
Trois jours après la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron prend la parole ce mercredi à l'occasion d'une conférence de presse. Le chef de l'État fixe la ligne du gouvernement et des députés de la majorité présidentielle pour les trois prochaines semaines.

Après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, qui affiche un score supérieur à plus de 15% par rapport à la liste de la Macronie, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. Depuis trois jours, de nombreuses manœuvres politiques sont à l'œuvre. La gauche se dirige progressivement vers une alliance des quatre principaux partis (PS, EELV, le PCF et LFI), à droite, la situation est explosive. Éric Ciotti, patron des Républicains, a annoncé vouloir un accord avec le Rassemblement national, provoquant une levée de bouclier de la part des cadres du parti. 

Désormais, c'est au tour de la macronie de dévoiler sa feuille de route pour les prochaines élections législatives. 

Les informations à retenir : 

  • Le chef de l'État a jugé nécessaire la dissolution de l'Assemblée était devenue inévitable
  • Emmanuel Macron assure "ne pas vouloir donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027"
  • Il a aussi accusé La France insoumise d'avoir "créé un désordre parfois constant" et "inquiétant" à l'Assemblée nationale
  • Macron espère "avant ou après" les législatives un rassemblement de ceux qui auront "su dire non aux extrêmes"
  • "Front populaire": une "alliance indécente", "Léon Blum doit se retourner dans sa tombe", estime Macron
  • Le chef de l'État a détaillé son programme pour les prochaines élections législatives
  • Emmanuel Macron annonce "suspendre" la réforme électorale contestée en Nouvelle-Calédonie
  • Dans le même temps, il "assume" la réforme de l'assurance chômage, qu'il juge "importante"

La majorité relative, une situation devenue "difficilement tenable"

La situation devenait "difficilement tenable" avec une majorité relative, a expliqué lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron. "J'ai pris compte d'un blocage qui devenait inévitablement dangereux pour la France", a-t-il jugé, alors que les oppositions ont multiplié ces derniers mois les motions de censure. La dissolution "permet seule la clarification des choses", a-t-il ajouté.

Devant les journalistes, il a également accusé La France insoumise d'avoir "créé un désordre parfois constant" et "inquiétant" à l'Assemblée nationale.

"La droite tourne le dos en quelques heures à l'héritage du général de Gaulle"

Après l'accord d'Éric Ciotti avec le Rassemblement national, Emmanuel Macron s'est montré particulièrement critique contre le choix du président des Républicains, estimant que "La droite de Ciotti et ceux qui l'ont suivi, "tournent le dos en quelques heures à l'héritage du général de Gaulle", dénonçant par la même occasion des alliances "à droite comme à gauche, contre-nature". 

"Les masques tombent et la bataille des valeurs éclate au grand jour", a estimé le président de la République.

"Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027"

Devant les journalistes, Emmanuel Macron s'est justifié d'avoir dissous l'Assemblée nationale. Le président de la République a ainsi estimé qu'il était "impossible d'ignorer" les résultats des européennes et compte bien convaincre les électeurs pour les détourner du vote du Rassemblement national. "Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027", a-t-il assuré, estimant avoir "tiré les conséquences politiques de dimanche" dernier, jour des élections européennes. 

"J'assume totalement d'avoir déclenché un mouvement de clarification" en dissolvant l'Assemblée, a déclaré le président de la République. "Quand 50% des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l'Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire 'on continue comme si de rien n'était'. Ce n'est pas les respecter, ce n'est pas les entendre", a ajouté le chef de l'État. "Je veux qu'il y ait un gouvernement qui puisse agir pour répondre à leur colère, à leurs urgences", a-t-il encore fait valoir. "Si les gens ont peur" qu'un Premier ministre d'extrême droite soit nommé à Matignon, "eh bien le sursaut, c'est pour maintenant".

Macron espère "avant ou après" les législatives un rassemblement de ceux qui auront "su dire non aux extrêmes"

Emmanuel Macron souhaite, "avant ou après" les élections législatives anticipées, un rassemblement de ceux qui auront "su dire non aux extrêmes", pour "bâtir un projet en commun sincère et utile au pays" pour "gouverner".

"Je souhaite avant tout" le "maximum d'élus" de la majorité présidentielle, a expliqué le chef de l'État en conférence de presse. "Mais je souhaite que se rassemblent le moment venu, avant ou après, les femmes et les hommes de bonne volonté qui auront ensemble su dire non aux extrêmes, et qui se mettront en capacité de bâtir un projet en commun sincère et utile au pays", a-t-il également déclaré, évoquant un "projet nouveau", une "fédération de projets pour gouverner", et chargeant les partis de sa majorité d'entamer des discussions avec d'autres formations politiques.

Macron promet une "autorité républicaine à tous les étages" dans le respect des "valeurs" de la République

Emmanuel Macron a promis ce mercredi une "autorité républicaine à tous les étages" et un "renforcement d'un axe régalien", dans le respect des "valeurs" républicaines. "L'autorité républicaine, donc, à tous les étages, avec des éléments très clairs (...) qui est le renforcement d'un axe régalien", a-t-il affirmé dans des propos liminaires à cette conférence de presse organisée après la dissolution de l'Assemblée nationale. Il a proposé "plus de fermeté, mais dans le cadre de la République et de ses valeurs".

"C'est aussi cela qui nous oppose (...) aux deux extrêmes", a-t-il jugé. "Ce qui est proposé aujourd'hui par l'extrême gauche, c'est une réponse par le communautarisme et le laxisme", et "ce qui est proposé par l'extrême droite et ceux qui s'y allient, c'est une réponse à l'insécurité par la sortie de la République, de ses valeurs, de son socle même".

Emmanuel Macron dévoile le programme de la majorité 

Lors de sa conférence de presse, le chef de l'État a dévoilé le programme sur lequel la majorité doit pouvoir mobiliser les électeurs et convaincre pendant les trois prochaines semaines. Emmanuel Macron a ainsi promis de remettre au centre du jeu une ""autorité républicaine à tous les étages" dans le respect des "valeurs" de la République. Le président de la République a également expliqué vouloir "supprimer un échelon territorial" et donner le choix aux citoyens de revenir sur les "grandes régions". 

Il a également confirmé que les retraites "seront bien indexées sur l'inflation", tandis qu'il s'est prononcé en faveur de l'interdiction du téléphone des enfants "avant 11 ans" et des réseaux pour les adolescents "avant 15 ans".

Critiqué sur la réforme de l'assurance chômage, le président l'a qualifié "d'indispensable" et dit "assumer". Il reste cependant "ouvert" et souhaite en "construire les modalités" après les élections législatives. "Je l'assume. Je pense qu'elle est bonne et je pense qu'il faut continuer sur ce chemin et ce cap", a déclaré le président de la République, tout en restant flou sur sa mise en œuvre, décret actuellement en préparation ou texte devant le Parlement.

"Front populaire" : une "alliance indécente", "Léon Blum doit se retourner dans sa tombe", estime Macron

Emmanuel Macron a également estimé que l'alliance "Front populaire" en cours de constitution entre le PS, le PCF, EELV et LFI "n'est même pas baroque" mais "indécente", disant avoir "une pensée ces 24 dernières heures pour Léon Blum", lors d'une conférence de presse.

"S'il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe aujourd'hui, c'est Léon Blum, en pensant qu'on a appelé 'Front populaire' une alliance électorale qui permettra de donner 300 circonscriptions à LFI, et donc à des gens qui ont assumé très clairement de ne pas condamner l'antisémitisme : ce n'est pas ça, le Front populaire, ça a un sens dans notre histoire, ça a un rôle, ça a une dignité", a ajouté le chef de l'État.