Les maires rassemblés en congrès à Paris ont posé mardi pour une photo commune ceints d'une écharpe noire recouvrant leur écharpe tricolore, afin de protester contre les ponctions de cinq milliards d'euros prévues dans le projet de loi de finances 2025. "Nous sommes 5.000", s'est réjoui David Lisnard, président de l'Association des maires de France (AMF) et maire LR de Cannes, devant le parterre d'élus rassemblés Porte de Versailles.
"J'avais annoncé que si on continuait année après année à être méprisés, les prochains +gilets jaunes+ seraient en écharpe tricolore. Aujourd'hui nos écharpes tricolores sont recouvertes de noir pour montrer que la mort des communes serait également la fin de l'Etat et la fin de la nation", a-t-il lancé.
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"Ce sont à la fois des mesures brutales"
Une contribution de "cinq milliards d'euros" est demandée aux collectivités, dont trois milliards aux 450 plus grandes, mais les associations d'élus évaluent plutôt la facture à 11 milliards d'euros. Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé vendredi une réduction "significative" de l'effort pour les départements, dans une situation financière compliquée. Parmi les cinq mesures annoncées, deux concernent l'ensemble des collectivités, a précisé mardi le cabinet de la ministre du Partenariat avec les territoires Catherine Vautrin.
Il s'agit de l'abandon de la rétroactivité de la baisse du taux de Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA), une aide à l'investissement pour les collectivités. La seconde mesure concerne le lissage sur quatre années au lieu de trois de la hausse des cotisations des employeurs territoriaux à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales. Mais les communes réclament davantage. Le président du Sénat Gérard Larcher s'est lui déclaré favorable à ce que l'effort demandé soit réduit à deux milliards d'euros.
"Ce qu'on espère, c'est que ces mesures soient retirées, parce que non seulement elles sont injustes, mais elles contribueraient à la chute de l'investissement public local", a déclaré à l'AFP Antoine Homé, co-président de la commission finances de l'AMF. "Ce sont à la fois des mesures brutales, injustes et inefficaces. Si nous nous y opposons, c'est parce que nous défendons les services publics locaux", a-t-il ajouté.
"C'est un cri d'alerte. Nous sommes arrivés combatifs au Congrès. Nous représentons 8% de la dette et on nous demande 25% de l'effort. C'est beaucoup trop violent", a réagi de son côté Jean-François Debat, président par intérim de Villes de France. "On nous ponctionne pour limiter la dette, mais à la fin nous serons probablement obligés d'emprunter davantage pour boucler nos budgets", a-t-il ironisé.
Johanna Rolland, présidente de France urbaine, l'association qui rassemble les grandes villes et métropoles, a rappelé lors d'un déjeuner de presse que les collectivités rassemblent "70% de l'investissement public" et que les 450 plus grandes représentent "70% des 70%", mettant en garde contre un effet récessif alors que les annonces de plans sociaux se multiplient.
"On nous dit que c'est les gros qui vont être touchés, mais nos grandes villes accueillent deux tiers des personnes en situation de pauvreté et parmi les communes membres de France urbaine, 50% sont classées rurales par l'Insee", a-t-elle souligné. Michel Barnier est attendu jeudi, en clôture du Congrès de l'AMF.