C'est un grand classique de la politique, un bon vieux bras de fer entre Ajaccio et Paris. Mardi, les nationalistes ont pris officiellement la tête de l'Assemblée de Corse, et font petit à petit monter la pression sur un gouvernement qu'ils n'hésitent pas à critiquer ouvertement. La ministre Jacqueline Gourault, qui dépend du ministère de l'Intérieur, récemment nommée à la fonction informelle de "Madame Corse" au sein du gouvernement, se rendra vendredi sur l'île de beauté.
Les contradictions du président. Les premiers à bander les muscles, ce sont les nationalistes corses. Pour Jean-Guy Talamoni, le président de l'assemblée corse, le gouvernement ne connait pas son sujet, et le nationaliste de prendre plaisir à pointer les contradictions corses entre Emmanuel Macron candidat et Emmanuel Macron président, qui fait montre de fermeté face aux revendications des nouveaux maîtres de l'île.
Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, est aussi ouvertement critiqué pour avoir fermé la porte à la reconnaissance de la langue corse et à l'amnistie des prisonniers. Pour l'instant chez Benjamin Griveaux, on préfère garder ses nerfs et on se refuse à tout commentaire pour ne pas mettre d'huile sur le feu.
Les dirigeants corses reçus à Matignon. À l'Elysée, on est guère plus bavards : "Les nationalistes font de la politique, nous les laissons faire'', commente juste un proche du président, soucieux de ne pas compromettre des discussions qui n'ont pas encore débuté. Edouard Philippe a d'ailleurs prévu de recevoir les dirigeants de la Corse à Matignon. Lui qui n'ignorait pas l'ampleur de la tâche vient tout de même d'en avoir un nouvel aperçu.