Le duel final de la primaire de la droite et du centre entre François Fillon et Alain Juppé divise au sein de la direction du groupe Safir, spécialiste des portes de garage. D'un côté, le PDG de cette PME qui emploie une centaine de personnes, Paul-Marie Edwards, se reconnaît dans le programme économique de François Fillon. De l'autre côté, son secrétaire général, Christophe Delaporte, ne cache pas sa sympathie pour Alain Juppé. Europe 1 a assisté en leur compagnie au débat télévisé entre les deux candidats, jeudi soir.
"Juppé, une optique raisonnable et modérée". Plus que sur le diagnostic, sur lesquelles les deux élus Les Républicains sont globalement d'accord, Christophe Delaporte préfère s'attarder sur la méthode prônée par Alain Juppé, qui a nettement sa préférence. "Il se positionne dans une optique raisonnable et modérée, sans rupture, donc avec des chances de réussite qui sont supérieures à celles de Fillon", estime le secrétaire général du groupe Safir. "Fillon, on sent qu'il est prêt à casser la baraque. Il ne se rend pas compte du pouvoir des syndicats quand ils sont dans la rue. Et si l'économie est bloquée pendant plusieurs mois, que vont devenir nos entreprises ?" Son supérieur pense au contraire que l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a raison de vouloir se montrer plus ferme, seule condition selon lui pour déboucher sur un réel changement. "Il y a toujours les minima sociaux, la fiscalité, les syndicats qui font la loi, l'Unedic qui bloque quand il a envie de bloquer…", maugrée-t-il.
Christophe Delaporte de lui rétorquer qu'"Alain Juppé ne ne dit pas qu'il ne fera rien mais qu'il dit qu'il va le faire en partie par l'acceptation des Français". Pour Paul-Marie Edwards, il s'agit là d'une posture un brin démagogique. "Juppé, c'est un très bon politique, Fillon, c'est un très bon futur président", finit-il par lâcher. Après deux heures de débat, où l'économie a dû partager la vedette avec le sociétal et l'international, les deux dirigeants n'avaient pas changé d'avis. Mais tous deux se sont néanmoins réjouis de voir que les deux candidats se rejoignaient sur plusieurs propositions. Quel que soit le vainqueur de cette primaire, dimanche, "ça ira dans le bon sens", concluent-ils. Il n'est donc pas impossible que les deux hommes suivent les prochains débats de la présidentielle avec le même favori cette fois…