LREM : un simulacre de débat avant l'élection de Christophe Castaner

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William Galibert et Nathalie Chevance, édité par R.Da.
En l'absence d'autres candidatures, Christophe Castaner devrait être élu samedi délégué général de La République en marche!.

Dans quelques heures, il prendra les rênes du parti. La quasi-nomination par le président de la République de Christophe Castaner comme délégué général agace au sein de La République en marche! et pose question sur le fonctionnement de la démocratie en interne. Le porte-parole du gouvernement doit être intronisé samedi à Lyon par un vote. Mais face à la grogne grandissante d’une partie de ses militants, le parti de la majorité a décidé de réagir. Ainsi, les quatre listes candidates pour former le bureau exécutif autour de Christophe Castaner ont confronté leurs points de vue, au cours d'un débat organisé au QG du parti jeudi soir et diffusé sur Internet. Mais l'exercice, destiné à faire taire les critiques, n'était pas forcément convaincant.

Un débat sans débats. Autour de quatre tables de bistrot posées dans un coin du QG, les candidats affichaient des sourires figés face à un maître de cérémonie tout aussi crispé. Les discussions et les échanges n'avaient pas vraiment leur place dans ce débat séquencé en prises de paroles calibrées à la seconde près, avec quatre listes de marcheurs dont les nuances ne sautaient guère aux yeux.

"Nous allons élire Christophe Catsaner". Les sujets qui fâchent, sur le manque de démocratie interne notamment, ont été à peine ébauchés. "De toute façon, nous allons élire Christophe Catsaner, nous voulons travailler avec lui", a balayé une militante avant de nuancer : "Nous voulons que les votants soient libres de choisir leur projet et ne se sentent pas gênés de voter pour une liste qui n'est pas la liste officielle mais qui porte un beau projet".

"Un beau moment de démocratie" d'après les participants, mais qui n'a pas déchaîné les foules. Si La République en marche ! revendique plus de 380.000 adhérents, jeudi soir le compteur des visionnages en ligne n'a jamais passé la barre des 300 spectateurs en direct.

L’hémorragie des militants

Une centaine d'adhérents ont annoncé qu'ils claquaient la porte du parti, dénonçant des dérives autoritaires. Mais selon des informations d'Europe 1, ils pourraient être beaucoup plus nombreux face à la trop grande verticalité de La République en marche!. Dans les Bouches-du-Rhône, le malaise est particulièrement palpable au sein de la base militante. Dans certains secteurs, plusieurs comités sont désormais désertés ; là où l'on comptait une centaine d'adhérents après la présidentielle, ils ne sont plus qu'une petite dizaine encore actifs.

Thierry, 48 ans, a fini par quitter La République en marche !, et sa liste de reproches est longue : "Tout centraliser, tout contrôler d'en haut, ne pas écouter la base et les militants", énumère-il. "Il faut des oppositions, il faut des députés courageux qui sachent dire 'non'. Je pense que La République en marche! a peur d'avoir des frondeurs comme Hollande en a eus".

Depuis les législatives, la colère des militants est de plus en plus palpable. "Il n'y a pas eu de valorisation des premiers marcheurs et dans la base, beaucoup partent parce qu'ils se sont battus pour des valeurs et, au bout d'un moment, quand ils ne s'y retrouvent pas, ils s'épuisent", explique Etienne, l'un des cadres du parti dans les Bouches-du-Rhône. Le message des militants à leur futur patron est clair : arrêter l'hémorragie et installer une ligne directrice.