François Fillon a un besoin vital de remettre du débat dans la campagne. Il faut que l’on reparle de lui à nouveau pour ses propositions et plus uniquement sur les affaires. Sa proposition d’abaisser à 16 ans la majorité pénale est idéal pour parvenir à cet objectif. D’abord vous dites "majorité pénale" dans un meeting de droite, et vous obtenez le même résultat qu’avec le droit de vote des étrangers dans une réunion socialiste : à savoir des hurlements de joie et des applaudissements à tout rompre.
Reconstruire le clivage gauche-droite. Aujourd’hui, le seul sujet de François Fillon c’est de mobiliser son camp, s’assurer que la droite fasse bloc pour espérer se qualifier au second tour. Et puis la majorité pénale c’est formidable parce que ça clive : la gauche va hurler. Le débat va se donc se cristalliser autour de François Fillon, et pour la première fois depuis un mois ça n’aura rien à voir avec son épouse et son emploi présumé fictif.
Une mesure empruntée à Nicolas Sarkozy. Pourtant le candidat de la droite n’était pas favorable jusqu’à présent à cette mesure, présente dans le programme de Nicolas Sarkozy, expliquant ne pas souhaiter cet abaissement parce que c’était le prélude à l’abaissement de la majorité tout court. Notons d’ailleurs que c’est en sortant d’un déjeuner avec l’ancien président que François Fillon a opéré cette volte-face. Il est en train de faire, en urgence, en pleine tempête, la synthèse qu’il aurait dû faire posément, juste après sa victoire de novembre.
Et la synthèse ça se fait en reprenant des propositions de l’autre. En clair, il y a le feu à la maison et cette concession n’a pas du paraître bien grave aux yeux de François Fillon. Il devrait s’appuyer sur le contexte pour justifier ce revirement ; les violences en banlieue inquiètent une frange de l’électorat, plutôt encline à voter à droite, et le candidat leur parle.
Un totem de la République. N’oublions pas non plus que, selon toutes les enquêtes d’opinion, la sécurité reste la deuxième préoccupation des Français juste après l’emploi. Enfin, François Fillon s’attaque à l’ordonnance de 1945, au gouvernement provisoire de la République française du Général de Gaulle. C’est un pilier, un totem. Il propose de la réformer ce qui a toujours été promis mais jamais fait, façon de dire, toujours dans ce discours qui vise son camp et seulement son camp : "J’ai été frappé de plein fouet, j’ai pris coup sur coup mais, moi, je franchirai les obstacles juridiques devant lesquels tous les autres avaient renoncés, même le plus volontariste d’entre nous : Nicolas Sarkozy".