Manuel Valls, qui va annoncer sa candidature à la primaire de la gauche lundi soir à Evry, veut rassembler. Ce ne sera pas un chemin de roses parce que sur bien des sujets, il semble d’avantage de droite que de gauche. Explications.
Il proposait de supprimer l'ISF en 2011. "Il faut déverrouiller les 35 heures !" lançaitn en janvier 2011, Manuel Valls au Grand-Rendez Vous d’Europe 1. A l'époque, le député-maire d’Evry défie Martine Aubry, alors première secrétaire du PS. Quelques mois plus tard, dans son livre L’énergie du changement, il transgresse à nouveau. "Je propose sans tabou de supprimer l’impôt sur la fortune, source d’injustice entre les classes moyennes supérieures et les chefs d’entreprises", écrit-il.
La gauche l'a boudé en 2011. Manuel Valls aime l’entreprise comme il l’a proclamé en tant que Premier ministre devant le Medef, lors des universités d'été du syndicat des patrons en 2014. Faire sauter les 35 heures et l’ISF, deux marqueurs de droite qui à eux seuls auraient peut-être permis à Manuel Valls de faire un meilleur score à la primaire de la droite qu’à celle de la gauche en 2011. Pour mémoire, il avait recueilli 5,63% des voix, très, très loin derrière Arnaud Montebourg, qui avait totalisé plus de 17,19% des suffrages. En d’autres termes, 95% des électeurs de gauche en 2011 n’avaient pas voté pour lui.
Qui pour rassembler la gauche ? Si Manuel Valls n’est pas le meilleur pour rassembler la famille de gauche, qui peut y prétendre ? Arnaud Montebourg ? Non, pas plus, Arnaud Montebourg que Manuel Valls. On est dans une situation inédite : les deux principaux candidats à cette primaire incarnent deux minorités du Parti socialiste et de la gauche. Dans ce duel, Manuel Valls bénéficie d’un avantage institutionnel. Il est le chef du gouvernement et incarne donc une forme d’autorité. Mais beaucoup à gauche retiendront surtout ses positions sur le burkini, sur la déchéance de nationalité. La question est finalement plutôt : mais existe-t-il quelque chose de gauche chez Manuel Valls ?
Des nouvelles candidatures ? Il y a donc une place à prendre pour un ou une candidate capable de faire la synthèse, de rassembler vraiment. Emmanuel Macron aurait pu être celui-là. Libéral sur l’économie et fidèle à la gauche sur les valeurs. Il avait un boulevard devant lui mais il a choisi une autre stratégie. Mais d’autres candidats peuvent encore se déclarer dans les 10 jours qui restent jusqu'au dépôt des candidatures. Najat Vallaud-Belkacem ? Marisol Touraine ? Christiane Taubira ? Tout est ouvert, rien n’est joué.