La maire de Paris Anne Hidalgo a écrit vendredi au Premier ministre Édouard Philippe pour l'alerter sur l'"impasse" des campements de migrants dans la capitale et demander "une opération de prise en charge", alors que Gérard Collomb vient de lui opposer sèchement une fin de non-recevoir.
"Le chaos caractérise désormais les campements de la capitale", où vivent 2.382 migrants dont 1.570 dans le campement "du Millénaire", porte de la Villette, au point que "les ONG demandent la présence de la police pour pouvoir continuer à y intervenir", a écrit Anne Hidalgo dans cette lettre.
Elle dénonce "l'abandon de la ville de Paris". Dans ce contexte, "comment comprendre le refus de présence de forces de l'ordre pour mettre fin à l'exploitation" et aux "risques quotidiens" que courent les personnes, "comme en atteste la noyade il y a quelques jours d'un jeune migrant ?", s'est-elle interrogée.
Dénonçant l'"abandon de la Ville de Paris", elle a estimé que "seule une opération de prise en charge simultanée de l'ensemble des personnes" pouvait mettre fin aux dangers représentés par le campement, et appelé à une attitude "constructive" entre Ville et État.
Le ministre de l'Intérieur avait défendu mercredi la mobilisation "sans faille" de l'État et avait invité Anne Hidalgo à faire usage de ses "compétences" et "d'entamer les procédures judiciaires" pour permettre à l'État de "mener à bien" une évacuation.
"Il ne s'agit pas pour la Ville de demander l'expulsion" mais bien "pour l'État de prendre en charge" ces personnes, a répliqué la maire de Paris, en rappelant que cela avait été le cas "lors des 29 opérations" menées avec l'État et les associations depuis 2015.
La mairie craint des violences en cas d'intervention des forces de l'ordre. Aucune de ces opérations, à part la première qui était un "rodage", n'a nécessité de saisine de la justice et l'État n'en a pas besoin pour intervenir, soulignait-t-on dans l'entourage de la maire, qui s'est rendue vendredi dans le campement du Millénaire.
"Ce qui nous est proposé, à savoir saisir la justice pour qu'il y ait une opération de police, d'évacuation, de dispersion n'est pas réaliste", a-t-elle affirmé lors de ce déplacement, car si les forces de l'ordre intervenaient sur le bord du canal pour "faire monter dans des bus" les migrants, "vraisemblablement vers des lieux qui peuvent être des centres de rétention", cela risque de se passer "avec un certain nombre de difficultés voire de violences". Sans mise à l'abri, "on court à la catastrophe" a-t-elle ajouté, jugeant "irresponsable et totalement inefficace de procéder juste à une intervention policière de dispersion".