Une visite sous haute tension. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, se rend à Crépol neuf jours après la mort de Thomas. L'adolescent a été mortellement poignardé alors qu'il participait à un bal. Une mort suscitant une importante vague d'émotion et d'indignation dans le pays. Si officiellement, l'ancien ministre de la Santé doit se rendre sur place pour "être auprès de la famille" et lui assurer "le soutien et l'engagement de l'État", officieusement la visite ressemble plus à une opération de déminage pour l'exécutif.
En plein examen du projet de loi immigration à l'Assemblée nationale, le sommet de l'État est englué dans une polémique tombant au plus mauvais moment. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a été mis au courant dès mercredi des identités des principaux suspects du meurtre du jeune Thomas. Dans les colonnes du Figaro, un membre du gouvernement ne cachait pas son inquiétude. "Ils sont Français, mais pas un seul n’a un nom à consonance française. Vous verrez ce que ça suscitera dans le pays", confiait-il.
Des éléments passés sous silence
Pour éviter la polémique sur les origines des suspects, qui pourrait enrayer l'adoption du projet de loi immigration et créer de nouvelles tensions, les autorités, qui avaient accès au dossier, se sont démenées afin d'éviter les fuites dans la presse. Une manœuvre qui se soldera par un échec. Dimanche, le Journal du Dimanche décide de briser l'omerta et révèle les prénoms des gardés à vue dans le cadre de l'enquête.
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Un nouvel élément est venu s'ajouter à l'embarras du gouvernement. Le procureur de la République a dévoilé que "neuf victimes ont entendu des propos hostiles aux blancs". Des faits déjà rapportés par la presse locale, mais qui n'avaient pas été confirmés officiellement.
Olivier Véran devrait donc se servir de ce déplacement pour réagir à ces révélations. Une mission plus que délicate pour le porte-parole, qui refusait, la semaine dernière, de reprendre le terme "d'ensauvagement" utilisé par Gérald Darmanin pour commenter la mort de Thomas.