Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé ce lundi soir de "nets progrès" dans la situation en Nouvelle-Calédonie, le calme n'est toujours pas revenu sur l'île. Des militaires vont désormais être déployés pour protéger des bâtiments publics et 600 membres des forces de l'ordre supplémentaires devraient prochainement arriver. Les gendarmes reprennent néanmoins du terrain et dans certains quartiers, les émeutiers hissent les drapeaux blancs. Mais dans le même temps, de nouveaux pillages ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi et l'aéroport international doit rester fermé jusqu'au moins jeudi.
C'est dans un hôtel de Singapour qu'Europe 1 a pu rencontrer plusieurs dizaines de Calédoniens toujours coincés et très inquiets de la situation sur l'île.
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"C'est très dur à vivre"
70 personnes sont donc installées par la compagnie aérienne calédonienne dans un bâtiment de dix étages, près de la célèbre marina de Singapour. Mais Christelle, 72 ans, n'a pas le cœur à faire du tourisme. Cette Bordelaise se dit très inquiète par les nouvelles qu'elle reçoit, par écrans interposés, de son fils et de sa petite fille qui vivent à Nouméa. "Je suis très émue. Ils ont beaucoup manqué," confie-t-elle. "Ils ont dû faire la queue pour s'alimenter. Là où ils habitent, ils étaient quand même un petit peu protégés justement par ces 'milices'. Donc ce n'est pas du tout dans l'agression, c'est vraiment pour défendre les enfants, leur famille... C'est une situation de guerre."
Ces Calédoniens comptent les jours et tuent le temps sous des températures écrasantes. 9 heures d'avion séparent encore Matthias, un restaurateur de 33 ans, de son épouse. "Je ne vous le cache pas, j'ai regardé si ce n'était pas possible par voie maritime. On va essayer de se rapprocher le plus vite parce que psychologiquement, c'est très dur à vivre", confesse-t-il. "On parle d'une femme seule avec trois enfants, ne sachant pas forcément se défendre, surtout qu'ils sont en bas âge. Faire des heures et des heures de queue ou prendre la voiture en se disant qu'il y a peut-être la peur qu'on ne revienne pas ou qu'on se fasse agresser... C'est très compliqué pour elle de vivre dans cette insécurité." Ce métropolitain installé depuis 20 ans en Nouvelle-Calédonie explique que ses enfants ont pu se nourrir grâce à la solidarité du quartier : "les gens autour vont faire des courses de ce qu’ils peuvent trouver et partager".
Dans cet hôtel, aucun membre de la compagnie aérienne n'est capable de dire quand l'aéroport rouvrira. Une seule personne a quitté le groupe, un chirurgien vasculaire rapatrié d'urgence en avion militaire pour soigner les blessés par balle.