Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, en visite vendredi à Fréjus, ville gérée par le Rassemblement national, a déclaré avoir reçu insultes et menaces de mort après avoir dit que le parti d'extrême droite n'avait "pas sa place" à la marche contre l'antisémitisme. "J'ai parlé du RN il y a deux jours, j'ai annoncé que je venais ici, et depuis j'ai reçu 10.000 tweets d'insultes et plus de 20 menaces de mort. C'est inacceptable", a expliqué Olivier Véran.
Il s'exprimait lors d'un débat avec des lycéens sur l'Europe et répondait à la question d'une élève sur les difficultés pour les politiques d'assumer au quotidien des décisions qui peuvent déplaire. Mercredi, le ministre avait déclaré que le RN n'avait "pas sa place" à la marche contre l'antisémitisme dimanche. Son entourage a confirmé que ce niveau de réaction sur les réseaux sociaux était exceptionnel.
"Il fait le Calimero, mais il passe son temps à nous insulter"
"C'est l'hôpital qui se fout de la charité", a réagi la députée du RN Julie Lechanteux, tout en condamnant les menaces de mort. "Il fait le Calimero, mais il passe son temps à nous insulter, à nous invectiver". Après s'être rendu dans plusieurs autres municipalités dirigées par l'extrême droite, Olivier Véran, accompagné de la secrétaire d'État chargée de l'Europe, Laurence Boone, a visité à Fréjus le CHU, un collège et un lycée ayant bénéficié de fonds européens. "L'Europe finance beaucoup de structures et de projets", a rappelé Laurence Boone. "Si on ne montre pas cela, si on ne va pas le voir, les gens ne savent plus pourquoi voter et où va leur argent", a insisté Olivier Véran.
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Le maire de Fréjus, David Rachline, vice-président du RN, n'est pas venu le saluer. Sur Facebook, il a dénoncé un déplacement de campagne "aux frais du contribuable, quelques mois seulement avant les élections européennes". La visite a eu lieu quelques jours après la parution d'un livre de la journaliste Camille Vigogne Le Coat, "Les Rapaces" (édition Les Arènes) dénonçant le grand train de M. Rachline et ses liens avec un puissant entrepreneur local très impliqué dans les marchés publics.
"C'est un travail qui m'a l'air sérieux, qui était essentiel, et j'imagine que cela conduira à des réponses, quelle que soit la forme", a commenté Olivier Véran. Interrogé par l'AFP pour savoir si une enquête judiciaire était ouverte, le parquet de Grasse n'a pas souhaité s'exprimer. Dans un communiqué de la ville vendredi soir, David Rachline a contesté "formellement l'ensemble des agissements qui lui sont imputés". La ville a aussi annoncé son intention de porter plainte contre la journaliste et son éditeur pour diffamation publique.