Le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, est présenté ce mercredi en conseil des ministres. Parmi les mesures voulues par le gouvernement pour lutter contre le harcèlement de rue, la création d'une infraction d'"outrage sexiste" pouvant être sanctionnée d'une amende de 4e classe - allant de 90 à 750 euros - pour sanctionner les comportements déplacés. Mais les syndicats de policiers sont unanimes, la mise en place de cette infraction va être très compliquée.
La subjectivité. "Est-ce que ce sera des gestes, des paroles ? Quels mots seront considérés comme un harcèlement de rue ? Est-ce qu'il faudra être grossier, outrageant ?" Les questions pleuvent dans la bouche de Benoit Barret, secrétaire national adjoint du syndicat Alliance. "Ce qui est clair, c'est que cela va être compliqué". "C'est complètement subjectif parce que chaque personne peut avoir sa propre appréciation du harcèlement de rue", déplore-t-il.
"Irréalisable". Parmi les difficultés, la nécessité que les policiers constatent eux-même, en flagrant délit, l'outrage sexiste. "C'est inapplicable", tranche Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat SGP Police. "Quand une patrouille voit une belle fille ou une jolie femme passer, il faudra que mes collègues la suivent presque 24 heures sur 24, jusqu'à tomber sur un flagrant délit. C'est du grand n'importe quoi". "Même si l'intention est bien évidemment louable, l'application sur le terrain est complètement irréalisable", s'emporte-t-il. Dernier point de frustration pour les syndicats : ne pas avoir été consultés avant la création de cette infraction.
De son côté, Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a affirmée ce mercredi dans Europe 1 matin que "les policiers et policières seront formés à identifier le harcèlement de rue".