Acculé de toutes parts, Christophe Castaner a fait un début de mea culpa. Le ministre de l’Intérieur, accusé d’avoir menti sur l’intrusion à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, a reconnu vendredi qu’il n’aurait pas dû parler "d’attaque". Ses propos, tenus mercredi soir, avaient suscité une vive polémique et poussés des responsables de droite, comme de gauche, à réclamer sa démission.
"Il n’est pas digne de sa fonction et ne se comporte pas en homme d’État. Il a instrumentalisé sciemment la presse dans cette affaire. Il ne peut pas rester et doit démissionner", a réagi sur Europe 1 dès jeudi soir Adrien Quatennens, député La France insoumise. Le ministre de l’Intérieur n’en est pas à sa première polémique. Depuis son arrivée au gouvernement, à la mi-octobre, le "premier flic de France" est régulièrement ciblé par l’opposition.
Sous le feu des critiques après les violences sur les Champs-Elysées
Christophe Castaner n’aura eu que quelques semaines de répit. Un mois et demi après son arrivée au gouvernement, le nouveau ministre de l’Intérieur est confronté à sa première crise lors de "l’acte 2" des "gilets jaunes", fin novembre. Des heurts sur les Champs-Elysées entre les manifestants et les forces de l’ordre provoquent d’importants dégâts matériels. Les images d’affrontements, de pavés descellés de la route et de barricades sur la "plus belle avenue du monde" font le tour de la planète. Christophe Castaner dénonce des violences menées, selon lui, par des "séditieux d’ultra-droite" qui "ont répondu à l’appel de Marine Le Pen". Le Rassemblement national s’indigne et lance une pétition sur son site internet pour réclamer la démission du ministre. Une semaine plus tard, l’Arc de Triomphe est mis à sac lors de "l’acte 3". Le mouvement Générations, dirigé par Benoît Hamon, réclame à son tour le départ de l’ancien porte-parole du gouvernement.
La blessure à l’œil du "gilet jaune" Jérôme Rodrigues
Les semaines passent et les affrontements en marge des manifestations des "gilets jaunes" se poursuivent. Progressivement, le sujet des violences policières s’impose dans le débat public et place Christophe Castaner dans une position difficile. La grave blessure à l’œil de Jérôme Rodrigues, l’une des figures médiatiques du mouvement, atteint par un projectile lancé par les forces de l’ordre, provoque une vive polémique à la fin du mois de janvier. Jean-Luc Mélenchon demande à son tour la démission du ministre de l’Intérieur, le jugeant "incapable de faire face à l’organisation de la paix publique".
En première ligne après la "purge" à la préfecture de police de Paris
A la mi-mars, Christophe Castaner est à un nouveau tournant. "L’acte 18" des "gilets jaunes" est marqué par le saccage des Champs-Elysées et place le gouvernement dans une situation difficile. L’exécutif procède à un remaniement sans précédent à la préfecture de police de Paris, avec notamment l’éviction du préfet Michel Delpuech, plaçant le ministre de l’Intérieur en première ligne. Alors que les critiques de l’opposition se concentraient principalement à gauche, la droite en profite à son tour pour tirer à boulets rouges sur Christophe Castaner, qu’elle taxe de mollesse, voire d’incompétence. "Maintenant, il faut qu'il parte. Au bout de 18 semaines de manifestations, on est retourné à la case départ et l'image que la France renvoie à l'extérieur est déplorable", tacle le député LR Philippe Gosselin. Pour Christopher Castaner, le mois de mars est décidément bien compliqué. Une semaine avant, les révélations de la presse people sur une sortie en boîte de nuit au soir de "l’acte 17" avaient déjà fragilisé le ministre.
Les ONG "complices" des passeurs, la phrase qui scandalise la gauche
Avec les "gilets jaunes", la crise migratoire est l’un des autres dossiers sensibles gérés par le locataire de Beauvau. Début avril, Christophe Castaner retrouve ses homologues du G7 à Paris et lâche une petite phrase qui ne passe pas inaperçue. Le ministre de l’Intérieur accuse les ONG chargées de secourir les migrants en Méditerranée de "collusion" et d’avoir "pu se faire complice" des passeurs. L’extrême droite et une partie de la droite se réjouit, la gauche crie au scandale. Yannick Jadot, tête de liste EELV aux européennes, se dit "profondément choqué" par les propos du ministre, alors que le premier secrétaire du PS Olivier Faure et Raphaël Glucksmann, tête de liste Place publique-PS, expriment leur "honte". "Le Pen et Salvini n’auraient pas dit mieux", ira jusqu'à ironiser Manon Aubry, tête de liste de la France insoumise aux européennes, sur Twitter.