Dans la majorité et au gouvernement, tout le monde est d'accord pour soutenir la promesse d'Emmanuel Macron d'étendre la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Mais alors que la mesure arrive à l'Assemblée avec l'examen de la loi de Bioéthique, mardi, certains, notamment venus des rangs de la droite, ne la défendront pas bec et ongles : jusqu'au sommet de l'État, nombreux n'adhèrent pas totalement à ce sujet qui touche à la conviction intime.
"Spontanément, je suis réservé sur ces sujets-là, je me méfie des ouvertures sans poser des limites à la technique", confiait par exemple Bruno Le Maire en privé, la semaine dernière. Le ministre de l’Économie était opposé à la PMA pour toutes au moment de la primaire de la droite. Aujourd’hui, il dit avoir toujours des questionnements. Un autre ministre issu des Républicains, Gérald Darmanin, parle lui d’une question difficile, sur laquelle il a évolué.
Un "déclic" pour Jacqueline Gourault
Même basculement pour le Premier ministre lui-même : Édouard Philippe était d'abord contre la mesure mais a changé d'avis "au fil de l'eau, comme le pays", selon la formule poétique de l'un de ses conseillers. Pour la ministre des Territoires Jacqueline Gourault, issue du MoDem, un déclic sur le sujet s’est produit il y a quelques mois, après un échange avec son entourage personnel : elle a revu sa position.
Tout en haut de la machine d’État aussi, le débat agite chacun en son for intérieur. Un haut responsable de cabinet confie ainsi sous couvert d’anonymat : "Dans mon monde, la PMA est un point d’interrogation. Ma femme, par exemple, est absolument contre…". Mais, ajoute un autre : "C’est une longue infusion. Je vois autour de nous des couples homosexuels mariés, et je constate que l’amour est là."