Dans la nuit de mardi à mercredi, à 00h28, Sibeth Ndiaye, la conseillère en communication du président de la République, a posté sur Twitter une vidéo d'Emmanuel Macron brocardant son entourage. Depuis le salon vert de l'Elysée, qui jouxte le bureau du chef de l'Etat, ce dernier reproche à ses conseillers la teneur du discours qu'ils lui ont préparé en vue du congrès de la Mutualité. "Vous n'avez pas de fil directeur, ce sont des lasagnes faites avec de la paëlla", s'agace-t-il. Et le président de préciser sa vision des choses concernant les aides sociales, dans un langage plutôt familier : "On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens ne s'en sortent pas. Les gens pauvres restent pauvres, ceux qui tombent pauvres restent pauvres. On doit avoir un truc qui permet aux gens de s'en sortir".
Une technique utilisée par Barack Obama. Ce n'est pas la première fois que le service de com' de l'Elysée utilise la technique de la "vidéo coulisses". Une séquence du même type avait été diffusée lorsque la photo officielle du chef de l'Etat a été réalisée. C'est une technique, comme souvent, inspirée par la com' présidentielle de Barack Obama, et qui permet dans ce cas précis à Emmanuel Macron d'infléchir le tempo de l'actualité.
Le Président ? Toujours exigeant. Pas encore satisfait du discours qu’il prononcera demain au congrès de la Mutualité, il nous précise donc le brief ! Au boulot ! pic.twitter.com/2mjy1JmOVv
— Sibeth Ndiaye (@SibNdiaye) 12 juin 2018
Faire l'actualité. Le président craignait en effet de voir son discours sur la protection sociale parasité par l'affaire Aquarius, qui occupe les médias depuis le début de la semaine. L'objectif était donc de ramener la conversation nationale sur l'objet de son choix. Les coulisses, en réalité parfaitement travaillées et montées – on peut détecter plusieurs coupes dans la vidéo –, garantissent un effet de spontanéité et de sincérité redoutablement efficace. Ces images ont d'ailleurs déjà été commentées par une partie de la classe politique, Marine Le Pen dénonçant notamment sur BFM TV "la vision ultralibérale dégoûtante" d'Emmanuel Macron.
Un fil conducteur. Sur le fond, le chef de l'Etat donne l'impression de reprendre les choses en main, alors que depuis plus d'un mois son gouvernement s'embourbe sur le sujet des aides sociales. Après une série de cafouillages ministériels, le président livre le fond de sa pensée et trace un fil conducteur : il considère qu'il y a trop d'aides en France et que, de surcroît, elles ne sont pas efficaces. À présent que le la est donné, les membres du gouvernement peuvent accorder leurs violons.