Le "grand débat national", qui entre vendredi dans une deuxième phase avec la fin des réunions locales, devra déboucher sur "un compromis démocratique" et pas seulement sur "une série d'annonces" ou de "vérités révélées", a prévenu mardi Édouard Philippe.
Pas seulement "une série d'annonces". "Imaginer qu'il serait possible de sortir du grand débat national par une série d'annonces, de vérités révélées - ou révélées après avoir écouté le grand débat -, c'est se tromper sur la nature même de l'exercice et sur la volonté même de ceux qui y ont participé", a plaidé le Premier ministre lors d'un discours devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese). "Nous allons avoir forcément du travail en commun pour élaborer sur un certain nombre de points, peut-être pas sur tous, ce compromis démocratique", a-t-il dit devant les représentants des corps intermédiaires de la "troisième chambre".
Les contours de ce "compromis" encore vagues. Le chef du gouvernement est toutefois resté vague sur les façons d'élaborer ce "compromis". Le grand débat doit se poursuivre pendant encore un mois sous d'autres formes (conférences citoyennes d'ici la fin mars, puis débat au Parlement début avril), avant une probable intervention d'Emmanuel Macron. Référendum, projets de lois, Grenelle social ? L'incertitude demeure encore sur les choix de l'exécutif pour sortir du "grand débat", sur la forme comme sur le fond.
Le Premier ministre a souligné la différence entre les "consensus" pouvant émerger du débat ou de la société française ("accélérer la transition écologique", par exemple) et les "compromis" sur la façon d'y arriver, plus précis mais également plus disputés. "Comment fait-on pour passer d'un niveau de consensus élevé à un compromis démocratique ? Le travail de ce point de vue-là n'est pas terminé", a affirmé Édouard Philippe.
Le Cese préconise notamment l'instauration d'un "pacte démocratique". "Je ne crois pas que le débat à l'Assemblée nationale ou au Sénat, ou que l'expression des synthèses que nous pourrons tirer (du grand débat), membres du gouvernement ou responsables des forces politiques, puissent en venir à bout", a-t-il plaidé. Dans un avis publié mardi comprenant une vingtaine de préconisations pour répondre à la crise des "gilets jaunes", le Cese préconise notamment l'instauration d'un "pacte démocratique", avec une révision du "processus d'élaboration des décisions" publiques en France.