Sur l’île de La Réunion depuis samedi, François Fillon a tenté, une nouvelle fois, de reprendre la main sur une campagne rendue difficile par les multiples révélations sur les emplois de son épouse et de ses enfants. De retour en métropole, le candidat de la droite à l’élection présidentielle devra faire face à une possible information judiciaire, entre autres difficultés.
La remise du rapport des policiers, une étape importante du volet financier. Près de trois semaines après l’ouverture d’une enquête pour "détournement de fonds publics", "abus de biens sociaux" et recel de ces délits, le volet judiciaire de l’affaire Fillon assombrit l’avenir de l’ancien Premier ministre. Selon Le Parisien, les policiers vont remettre au parquet national financier un rapport de synthèse sur leurs investigations, au plus tard en fin de semaine. La chef du parquet national financier, Éliane Houlette, pourrait ensuite décider d'un classement sans suite de l’affaire, d'une citation directe devant le tribunal correctionnel ou de l’ouverture d’une information judiciaire.
Si cette dernière option était choisie, comme le pressent le quotidien, des juges d’instruction seraient en mesure de mettre un ou plusieurs des protagonistes de l’affaire en examen. Dans le Journal du Dimanche, François Fillon a de nouveau indiqué que c’était la seule condition qui l’empêcherait d’être candidat, lui qui veut se battre "jusqu’au bout". "Aucune décision n'est prise à ce stade de l'enquête", "aucun calendrier n'est fixé à ce jour", avait répondu dimanche le Parquet national financier après les révélations du JDD, qui indiquait que des poursuites étaient fortement envisagées. Une épée de Damoclès au-dessus de la campagne de François Fillon.
Il continue de dévisser dans les sondages. Côté sondages, l’affaire Fillon n’en finit plus de plomber le candidat de la droite. La dernière enquête d’Opinionway, publiée jeudi, le crédite de 20% d’intentions de vote, contre 21% pour Emmanuel Macron et 25% pour Marine Le Pen. Une troisième position qu’il ne quitte plus depuis les premières révélations, avec une cote de popularité qui a lourdement chuté, y compris chez les sympathisants de droite. Alors qu’il avait demandé le 1er février aux parlementaires de "tenir quinze jours", François Fillon approche du terme de son sursis, sans que la menace d’un renoncement ne soit définitivement évacuée. Sept Français sur dix souhaitent d’ailleurs qu’il ne maintienne pas sa candidature.
Lundi soir, un petit groupe de parlementaires LR inquiets du déroulement de la campagne se sont d'ailleurs réunis pour faire le point sur la situation de leur candidat et débattre d'une éventuelle prise de position. Ce dîner, organisé par les députés sarkozystes Sébastien Huyghe et Georges Fenech, a regroupé plusieurs parlementaires. "Nous avons fait le constat que nous ne pouvons plus faire campagne sur le terrain. Nous sommes face à une situation désastreuse pour notre famille politique", a expliqué Georges Fenech au micro d'Europe 1. "La situation est d’une gravité extrême et nous allons le dire à François Fillon pour qu’il prenne ses responsabilités. Nous souhaitons qu’une décision soit prise par toute notre famille politique, à commencer par le bureau politique, afin de retrouver la confiance de notre pays", a assuré le député LR.
Sur le terrain, une campagne toujours compliquée. François Fillon avait fait de ses déplacements un axe de la reconquête de l’opinion, demandant à ses équipes de lui prévoir trois à quatre visites par semaine. Mais d’après Le Monde, environ un tiers des élus contactés par les organisateurs de la campagne refusent d’accueillir la dizaine d’orateurs nationaux qui doivent répandre la parole du candidat sur tout le territoire. Et quand le candidat se déplace, il est régulièrement accueilli au son des casseroles et des slogans de ses opposants. La campagne se gère désormais au jour le jour ; mercredi, François Fillon sera à Compiègne, dans l'Oise.