2017, ça se prépare. François Hollande le sait mieux que quiconque. Outre le cas des écologistes - qu'il aimerait unir derrière lui dès le premier tour -, le chef de l'Etat est parti mardi à la (re)conquête d'un électorat qui a voté massivement pour lui en 2012, celui des banlieues. Sauf qu'à La Courneuve, François Hollande a été hué. Explications en trois actes de ce désamour.
• Pas de résultat sur le front de l'emploi
Il en a fait l'enjeu majeur de la fin de son quinquennat. Et s'il ne parvient pas à inverser la courbe du chômage, alors François Hollande assure qu'il ne se représentera pas en 2017. Pas certains que cela console ceux qui, dans les banlieues, ont cru le candidat socialiste quand il assurait qu'il accorderait sa priorité à la jeunesse, citant emplois d'avenir et autres contrats de générations.
Trois ans plus tard, le constat est cruel : la gauche n'a pas endigué le problème. "Du travail, du travail, du travail !", voilà le slogan balancé par les habitants de La Courneuve à François Hollande. Le taux de chômage dans des banlieues - comme à La Courneuve -, dépasse souvent les 20%. Voilà pourquoi le chef de l'Etat est venu en personne annoncer le lancement d'une "Agence nationale de développement économique sur les territoires". "Elle va mobiliser des fonds en faveur de la très petite entreprise et de l’emploi, mais c’est à la marge, loin des difficultés que rencontrent les populations au jour le jour. Car, dans le même temps, l’immense majorité de la jeunesse reste au ban de l’emploi", regrette le maire communiste de La Courneuve, Gilles Poux.
"De toute façon, on ne croit plus aux promesses, alors, le président peut toujours venir…", lâchent, dépités, trois habitants de la cité des 4.000, dans L'Humanité.
• Abandon du droit de vote des étrangers aux élections locales
C'était la promesse numéro 50 du programme du candidat Hollande : "J’accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans." Problème : cette réforme nécessite une révision de la Constitution et le chef de l'Etat sait que, la droite y étant opposée, il n'obtiendra pas la majorité des 3/5e du Parlement. Donc il l'a placée devant ses responsabilités : "j'y suis pour ma part favorable, à elle (l'opposition, ndlr) de prendre leurs responsabilités." Un moyen, aussi, de se dédouaner de cette promesse non tenue.
L'argument a du mal à convaincre les principaux intéressés. "On ne lui a rien demandé, c’est lui qui nous a fait cette promesse. Je sais que mon père serait tellement fier de voter. Il n’en parle pas mais il est déçu, avec Hollande, il pensait que c’était la bonne", explique Binta, d'origine malienne, dans Libération. Un discours loin d'être isolé.
• "Le délit de faciès" oublié
Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande avait annoncé qu'il lutterait contre le "délit de faciès" lors des contrôles, qui compliquent les relations entre la police et la population, notamment dans les quartiers sensibles. Un temps évoquée, la remise d'un récépissé a en effet été abandonnée. Car si Jean-Marc Ayrault y semblait favorable, son successeur à Matignon, Manuel Valls, a, lui, plié face aux puissants syndicats de police, qui ne voulaient pas en entendre parler.
Des élus ont bien tenté de forcer la main à l''exécutif – trois lois ont été déposées – mais rien n'y a fait. Pas plus que la condamnation de l'Etat français pour "faute lourde" dans cinq cas de contrôles d'identité discriminatoires. Pour le collectif "Stop contrôle au faciès", joint par Europe 1, "cela a été une réelle déception pour les personnes régulièrement contrôlées, qui n'ont pas obtenu le changement qu'elles attendaient concernant leur relation avec la police." Et de conclure : "parce qu'elle a contribué à faire élire François Hollande, la gauche ne peut pas faire l’économie de partir au front sur ces questions".