Les revendications sont nombreuses et le mal-être est profond au sein de la profession. Mais parmi les différents motifs de ce grand ras-le-bol des agriculteurs, dont la mobilisation gagne en vigueur, les normes qui leur sont imposées, reviennent avec insistance. Une entrave à l'exercice de leur métier, disent-ils, à laquelle vient s'ajouter l'importation de produits étrangers, moins coûteux dans les supermarchés, mais surtout non soumis à ces fameuses règlementations.
Des normes en parties érigées depuis Bruxelles. Notamment à travers le "pacte vert" ou "Green Deal" européen, imaginé pour atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050 sur le Vieux continent, et dont l'un des textes clés a été voté en juillet dernier. Et l'agriculture fait partie des secteurs ciblés. De ce fait, les exploitants vont devoir appliquer un certain nombre de règlements, allant de l'interdiction de plusieurs pesticides, à la réduction de l'utilisation d'engrais chimiques, en passant par l'augmentation du nombre de terres consacrées à l'agriculture biologique. Un vaste paquet de normes dont l'eurodéputé Renaissance Pascal Canfin, 49 ans, a été l'un des principaux artisans, en sa qualité de président de la commission de l'environnement du Parlement européen.
Un Rassemblement devant le Parlement européen de Bruxelles
La future tête de liste LR aux Européennes, François-Xavier Bellamy, a dénoncé mercredi les contradictions du camp présidentiel qui affirme défendre les agriculteurs à Paris "et fait le contraire à Bruxelles". Marc Fesneau lui-même a affiché un soupçon de scepticisme à propos du Green Deal. "Personne ne s’est assez interrogé sur la compatibilité entre ses exigences environnementales et les capacités productives de la France", a ainsi déclaré le ministre de l'Agriculture, dans des propos rapportés par Public Sénat. Mercredi, plus d'une centaine d'agriculteurs se sont rassemblés devant le Parlement européen, à Bruxelles, accompagnés de leur mascotte : une maquette de vache aux couleurs de l'Union européenne, pendue à un tracteur.
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Habitué du Parlement européen, où il est élu pour la première fois en 2009, Pascal Canfin a aussi dirigé l'organisation écologiste WWF France. Membre d'Europe Écologie Les Verts jusqu'en 2015, il se convertit ensuite au macronisme et apparaissait en deuxième position sur la liste Renaissance, conduite par Nathalie Loiseau, lors des dernières Européennes. Aujourd'hui, il dit "comprendre" la colère des agriculteurs. S'agissant du pacte vert, il fait valoir qu'"aucune des législations concernant l’agriculture, ni la loi sur les pesticides, ni celle sur la restauration de la nature, n’est encore entrée en vigueur. La seule chose qui est entrée en vigueur, c’est la réforme de la politique agricole commune et il se trouve que les LR et le RN l’ont votée !", se défend-il dans des propos rapportés par Le Figaro.
L'eurodéputée estime également que ces normes ne doivent pas peser sur les agriculteurs, mais plutôt "sur la chaîne allant des grandes coopératives à la grande distribution". "Il faut transférer de l’argent vers le financement de la transition agricole. C’est une proposition que je porte et qu’Ursula von der Leyen a achetée. Elle sera mise en œuvre très probablement dans la prochaine mandature", ajoute-t-il. Contacté par Europe 1, Pascal Canfin n'a pas donné suite à nos sollicitations.