Le chlordécone, pesticide longtemps utilisé aux Antilles et toujours présent dans les sols, a suscité vendredi une poussée de tension entre Emmanuel Macron et des élus ultramarins, lors d'une rencontre dans le cadre du "grand débat", autour de la dangerosité du produit. Sollicité par des élus sur cette substance, le président de la République a rappelé avoir pris "deux engagements" : aller "vers le zéro chlordécone dans l'alimentation" et permettre la reconnaissance comme "maladie professionnelle" pour les travailleurs exposés.
Il a indiqué que sur ce point, un décret serait pris "le 1er juin" pour que "les gens puissent commencer à partir de juillet à aller soumettre leur dossier". Ils pourront "aller voir les médecins du travail" et s'ils ont une pathologie "sans doute liée à la chlordécone et donc qui peut être classée maladie professionnelle", ils seront "accompagnés". Le chlordécone a été utilisée en Guadeloupe et Martinique jusqu'en 1993 pour combattre un insecte dévastant les bananeraies et est suspectée d'avoir des effets toxiques pour l'homme
"Il ne faut pas dire que c'est cancérigène". Mais, se fondant sur les études officielles, le chef de l'Etat a affirmé qu'il "ne faut pas dire que c'est cancérigène", "parce qu'à la fois on dit quelque chose qui n'est pas vrai et on alimente les peurs", la ministre de la Santé Agnès Buzyn ajoutant que les études se poursuivent sur ce cancérogène "probable". L'ancien ministre PS des Outre-mer Victorin Lurel, "pas convaincu", a demandé qu'on lui démontre qu'"il ne faut pas dire que c'est cancérigène". "Si vous étiez si sûr de ça, sincèrement... C'est pas comme si vous n'aviez pas été ministre de l'Outre-mer", lui a alors lancé Emmanuel Macron.
"Enfin, franchement ! C'est la première fois qu'on prend de face le sujet du chlordécone. (...) Je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien (entre le produit et des pathologies), je dis 'personne ne m'a établi un lien direct'. Si on m'avait établi un lien direct, j'aurais pris les décisions qui vont avec", a-t-il encore ajouté, réfutant l'idée que "ce qu'on n'a pas voulu voir depuis des décennies deviendrait un risque absolu". Lors de son déplacement aux Antilles fin septembre, le président de la République avait affirmé que l'État devait "prendre sa part de responsabilité" dans la pollution au chlordécone, même si "l'état des connaissances scientifiques" ne permettait pas de "certifier" la dangerosité de la molécule.