Présidentielle : ces sondages que vous n'avez (peut-être) pas vus

Le dernier sondage Ipsos nous apprend notamment qu'un électeur de Marine Le Pen sur trois encore susceptible de changer d'avis pourrait finalement choisir… Emmanuel Macron.
Le dernier sondage Ipsos nous apprend notamment qu'un électeur de Marine Le Pen sur trois encore susceptible de changer d'avis pourrait finalement choisir… Emmanuel Macron. © AFP
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T.M. , modifié à
Du candidat jugé le plus honnête aux raisons avancées pour justifier l'abstention, certains sondages peuvent s'avérer particulièrement intéressants, pour ne pas dire surprenants.

Critiqués mais incontournables, les sondages pullulent depuis de nombreuses semaines pour tenter de pronostiquer les résultats du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche. Au-delà des simples intentions de vote, certains permettent d'ailleurs d'apporter un éclairage tout particulier sur la campagne, sur ses enjeux, et sur la relation des Français aux candidats et à la politique en général.

Une participation potentiellement faible. Il y a cinq ans, 79,48% des électeurs s'étaient déplacés pour glisser un bulletin dans l'urne lors du premier tour. En 2002, seulement 71,6%  d'entre eux avaient voté, un – triste – record, qui pourrait bien être battu cette année. Le dernier sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde* nous apprend ainsi qu'à dix jours du premier tour (sondage réalisé les 12 et 13 avril), 66% des Français se disent sûrs de participer au scrutin.

Parmi les personnes interrogées, les plus certaines de se déplacer sont les sympathisants… du MoDem (82%), qui ne compte pourtant aucun candidat cette année, depuis le ralliement de François Bayrou à Emmanuel Macron, fin février.

De multiples raisons de s'abstenir. La principale raison de ne pas prendre part au premier tour pour les abstentionnistes potentiels n'est pas très surprenante : les hommes et femmes politiques les ont trop déçus, ils ne croient plus en eux. C'est en tout cas ce que répondent 44% des interrogés, toujours dans le même sondage. Une autre raison peut étonner : 16% des personnes interrogées pourraient ne pas aller voter parce qu'ils ne pensent pas être disponibles le jour du vote, en raison de contraintes familiales ou de vacances, par exemple.  Pour rappel, la procuration est réalisable jusqu’à la veille du scrutin.

Les électeurs de Hamon hésitent encore. Si l'indécision est de mise quant aux deux qualifiés pour le second tour, elle l'est aussi dans l'esprit des électeurs. À la question "votre choix est-il définitif ou peut-il encore changer ?", près de la moitié (43%) de ceux qui voteraient pour Benoît Hamon aujourd'hui disent pouvoir encore changer d'avis, contre seulement 15% chez Marine Le Pen et 20% chez François Fillon. C'est beaucoup, mais cela reste 14 points de moins que lors du précédent sondage hebdomadaire réalisé par Ipsos.

Si ce n'est l'un, ce sera l'autre. Sur cent électeurs de Marine Le Pen disant pouvoir changer d’avis, 33% choisiraient… Emmanuel Macron en second choix, bien que les programmes des deux candidats diffèrent par bien des points ; 26% d'entre eux opteraient pour Jean-Luc Mélenchon, et 14% voteraient pour… Philippe Poutou.

Mais la réciproque ne s'applique pas forcément selon les cas. Sur cent électeurs de Jean-Luc Mélenchon encore indécis, seuls 4% choisiraient Marine Le Pen, par exemple. Le plus susceptible de récolter leurs voix serait, dans 40% des cas, Emmanuel Macron, devant Benoît Hamon (23%).

Même chose du côté de François Fillon : le report de ses potentielles voix bénéficierait surtout à l'ancien ministre de l'Économie (58%) et assez peu à Marine Le Pen (6%). 21% feraient quant à eux le choix de soutenir Nicolas Dupont-Aignan.

Poutou jugé le plus honnête, Cheminade le moins crédible.Le dernier sondage hebdomadaire Opinionway/Orpi** pour Les Échos et Radio Classique permet aussi de renseigner sur la perception de chaque candidat. On apprend notamment que 62% des personnes interrogées jugent Philippe Poutou "honnête", devant Jean Lassalle, Nathalie Arthaud et Jean-Luc Mélenchon (60%). Marine Le Pen (26%) et surtout François Fillon (13%) seraient ceux auxquels ce qualificatif convient le moins.

Le plus "crédible" dans l'esprit des Français est Emmanuel Macron (51%), bien loin de Jacques Cheminade (15%). Marine Le Pen est de son côté jugée comme ayant le plus "d'autorité", devant Jean-Luc Mélenchon (70%). Plus d'un électeur sur deux (54%) avance en revanche que le candidat de la France insoumise "comprend les préoccupations des Français". Il est en ce sens suivi de Philippe Poutou (46%) et d'Emmanuel Macron (41%).

Jean-Luc Mélenchon, meilleur candidat pour la France ?Jean-Luc Mélenchon jouit assurément d'une belle cote de popularité dans les sondages. 27% des personnes interrogées* pensent même que la situation s'améliorera s'il vient à accéder à l'Élysée (contre "seulement" 19% lors du précédent sondage). C'est plus qu'Emmanuel Macron (25%), Marine Le Pen (24%) et François Fillon (18%), alors que le député européen ne se classe pourtant qu'au quatrième rang des intentions de vote. 57% des sondés estiment par ailleurs que la situation de la France se dégradera si c'est la candidate frontiste qui l'emporte. Et si c'était Emmanuel Macron ? 25% pronostiquent une amélioration, 34% une détérioration. 41% répondent "ni l'un ni l'autre".

 

 

* Le sondage a été réalisé les 12 et 13 avril auprès d'un échantillon de 1.509 personnes inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus dont 927 personnes certaines d'aller voter à la présidentielle et exprimant une intention de vote.

** Le sondage a été réalisé en ligne du 7 au 13 avril auprès d'un échantillon global d'environ 1.500 personnes inscrites sur les listes électorales et représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Les intentions de vote ne constituent pas une prévision de résultat, elles donnent une indication de l'état des rapports de force et des dynamiques au jour de la réalisation du sondage