L'ex-Premier ministre Edouard Philippe et François Bayrou, deux soutiens d'Emmanuel Macron et piliers de la majorité, mettent en garde contre l'idée d'une victoire déjà acquise au second tour du président sortant, dans deux entretiens au Figaro et à la République des Pyrénées, lundi. "Rien ne me paraît joué car beaucoup d'inconnues pèsent sur le scrutin, à commencer par l'abstention", a averti l'ex-Premier ministre dans Le Figaro.
"Le front républicain n'est plus un réflexe naturel"
"À l'évidence, le front républicain n'est plus un réflexe naturel, par lassitude sans doute. Il a baissé en intensité mais je ne crois pas à sa disparition", a ajouté le maire Horizons du Havre en insistant cependant : "renvoyer dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron, c'est irresponsable. Tout comme envoyer la consigne 'pas une voix à Marine Le Pen', ce qui laisse la porte évidemment ouverte à toutes les abstentions". Pour François Bayrou, haut commissaire au Plan et maire Modem de Pau, "à ce stade, les deux candidats peuvent gagner. Tout peut se produire, par définition".
"On a déjà vu des peuples faire des choix qu'avec le regard de l'historien on trouve insensés. Mais ça peut arriver. Quant au front républicain, je ne crois pas au front mais je crois aux républicains", analyse François Bayrou. Selon des sondages Ipsos et Ifop diffusées lundi, Emmanuel Macron l'emporterait par 56% pour le premier et 54,5% pour le deuxième, dimanche face à Marine Le Pen lors de la seconde manche de la présidentielle.
"Éviter que Marine Le Pen soit élue"
Edouard Philippe a engagé les soutiens d'Emmanuel Macron à se concentrer sur la victoire du président-candidat plutôt que sur la structuration politique d'une hypothétique future majorité. "Tout cela me semble furieusement relever de la fable de Perette et le Pot au lait. Je recommande vivement à chacun de se consacrer à la campagne pour éviter que Marine Le Pen soit élue", a-t-il avancé. Citant François Bayrou avec lequel les relations n'ont pas toujours été au beau fixe, Edouard Philippe, invité à commenter l'idée un grand bloc unitaire de la majorité, a rappelé un adage du président du Modem : "si nous pensons tous la même chose, c'est que nous ne pensons rien."
Il a également jugé que la réforme des retraites "mérit(ait) d'être traité très tôt au début du prochain quinquennat". Dans la République des Pyrénées, François Bayrou a évoqué deux impératifs, "l'unité" et le "pluralisme". "L'idée de parti unique ne m'a jamais convaincu. (...) Faire croire que tout le monde pense la même chose serait voué à l'accident, à l'échec", a-t-il commenté.