On est en plein big bang, comme si cette campagne présidentielle était un décompte avant l’explosion finale. Il y a eu la dislocation de la gauche, éparpillée entre Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron. Il y a maintenant l’implosion de la droite, avec François Fillon en candidat obstiné, déterminé, mais aussi en candidat désavoué par la plupart des grands élus Républicains, et dont la campagne est désormais centrée sur son sort personnel et celui de son épouse.
Une atomisation de la vie politique. Bref, à la bipolarisation gauche/droite, qui structure la vie politique depuis 1958, se substitue une atomisation en 5 pôles : Le FN avec Marine le Pen, la droite républicaine affaiblie, le super centre d’Emmanuel Macron, ce qu’il reste du PS derrière Benoît Hamon et la gauche insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Une majorité introuvable. Le 7 mai 2017 la France peut entrer dans une crise de régime. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que les institutions se bloquent, que la France risque de devenir ingouvernable. Parce qu’une fois élu, le président de la République a besoin d’une majorité pour gouverner. Or, l’atomisation du paysage politique rend très compliqué la constitution d’une majorité stable dans le temps.
Si Marine Le Pen l’emporte - envisageons l’hypothèse -, elle n’a aucune chance de faire élire une majorité absolue de députés FN. Avec quelles alliances pérennes peut-elle gouverner ? Même impasse pour Emmanuel Macron, avec une majorité composite de socialistes, de républicains et pour la moitié d’entre eux de nouveaux venus en politique, quelle stabilité peut-il en espérer ? Lui aussi aura besoin d’alliances à l’Assemblée nationale. Qui le suivra ?
L'agonie de la Cinquième République ? Quel que soit le futur président, issu d’une famille politique minoritaire, gouverner sera très très compliqué. On est peut-être en train d’assister à l’agonie de la Cinquième République. Soixante ans pour un régime constitutionnel, c’est un âge honorable. Cela ferait de la Cinquième le cycle le plus long depuis la Troisième République qui, elle, avait tenu 70 ans.