Il lui reste moins de 40 jours pour convaincre. A la traîne dans les sondages, le candidat socialiste espère reprendre la main en présentant jeudi l'armature finale de son programme, enrichie des apports de ses adversaires de la primaire et davantage centré sur le travail et l'emploi. Après en avoir dévoilé les grandes lignes jeudi dans les colonnes du Parisien, Benoît Hamon et son équipe ont ensuite présenté l'architecture de son projet lors d'un point presse. Sur le fond, pas de virage à 180 degrés, mais un projet peaufiné pour rassembler sa famille politique dans la dernière ligne droite. Sans non plus renier les piliers qui ont fait son succès à la primaire de la gauche. Europe 1 passe en revue les principales mesures du "futur désirable" de Benoît Hamon.
Ce qui change
Nationalisation temporaire. Promesse phare de son ancien rival Arnaud Montebourg, Benoît Hamon explique désormais ne pas s’interdire de "nationaliser temporairement" des entreprises pour "maintenir la compétitivité de notre industrie et les emplois". Citant les exemples de Florange et d’Alstom - deux dossiers chers à Arnaud Montebourg - le candidat socialiste à l’Elysée s’interroge dans Le Parisien. "La question est : s'interdit-on une solution qui peut être la bonne pour maintenir l'emploi, les savoir-faire industriels ? Je ne m'interdis pas par dogme ou par idéologie d'utiliser tous les instruments qui peuvent être mobilisés."
"Made in France". De l’ancien ministre de l’Economie, Benoît Hamon reprend aussi le "made in France" Pour y parvenir, il souhaite réserver 50% des marchés publics aux TPE et PME tricolores. Un engagement compatible avec les règles de la concurrence européenne assure le candidat, sans pour l’instant détailler sa méthode.
Taxer les superprofits pour financer le revenu universel. Toujours sur le plan économique, Benoît Hamon veut "taxer les superprofits des banques", "à hauteur de 5 milliards d’euros", a-t-il détaillé jeudi en conférence de presse. La mesure servira à financer en partie le revenu universel, l’une des mesures phares de son programme qui divise la gauche. Souvent amendé au gré de sa campagne, le revenu universel doit également être financé par un transfert d’une partie du fonds alloué au CICE, de l’ordre de 10 milliards d’euros. Le revenu universel, lui, reste chiffré à hauteur de 35 milliards d’euros chaque année.
Allocation dès le premier enfant. Autre preuve de main tendue à ses anciens adversaires, Benoît Hamon s'approprie la promesse de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg d'"élargir” le droit aux allocations familiales. Ce dernier défend une allocation versée dès le premier enfant, contre le versement d’une aide à compter du deuxième actuellement.
Points de vente d‘Etat pour le cannabis. Pour "tarir le trafic" du cannabis, Benoît Hamon propose de "mettre en place des points de vente d'Etat, avec des prescriptions de santé éventuellement". Le candidat socialiste reconnaît que cette mesure est un "changement difficile", mais juge "incroyable de persister dans le déni" de la politique actuelle.
Ce qui ne change pas
Recruter 5.000 postes dans la police et la gendarmerie. Dans le domaine de la sécurité, Benoît Hamon veut poursuivre l’effort de recruter chaque année 1.000 fonctionnaires de police et de gendarmerie entamé sous le quinquennat Hollande. Le candidat socialiste veut s'atteler au mal-être des forces de l’ordre en tenant en tenant compte "des burn-out dans les commissariats".
Expérimenter le récépissé lors des contrôles d’identité. Critiquée par les syndicats de police, qui y voit une forme de défiance envers les policiers, Benoît Hamon veut lutter contre le délit de faciès en expérimentant le récépissé lors des contrôles d’identité. "L'affaire Théo ou le syndicaliste policier utilisant le terme 'bamboula' montrent qu'il y a un problème", explique-t-il dans les colonnes du Parisien.
Recruter 40.000 enseignants sur cinq ans. Sur le volet scolaire, Benoît Hamon veut continuer l’effort engagé par le gouvernement de poursuivre les recrutements d'enseignants. La moitié de ces créations de postes doit grossir les rangs de l’école primaire, dont le candidat souhaite limiter le nombre d’élèves par classes à 25. L’autre moitié doit permettre de remplacer les professeurs en formation ou en arrêt maladie.
Taxer les robots. Héraut de la thèse d’une "raréfaction du travail" liée à l’innovation technologique, Benoît Hamon maintient sa taxe sur les robots. Le candidat précise néanmoins que cette mesure fiscale servira à "financer un fonds de transition travail dédié à la formation et au retour vers l'emploi des personnes dont le travail est désormais effectué par une machine intelligente".
49-3 citoyen et reconnaissance du vote blanc. Frondeur lors de l’épisode de la Loi Travail, Benoît Hamon veut soumettre par référendum le 49-3 citoyen et la reconnaissance du vote blanc. Il maintient également sa promesse d’accorder le droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales.