Le 20 mars sur TF1, ils seront cinq à s’affronter. Ou six, si François Bayrou venait à se présenter et était convié à la grand-messe. Mais pour l’heure, seuls Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen ont été invités à débattre à 35 jours du premier tour de la présidentielle. Pourtant, à cette date, d’autres personnalités seront officiellement candidates, puisque le Conseil constitutionnel a fixé au 17 mars la limite de dépôt des 500 parrainages indispensables. Alors forcément, la formule passe mal, et pas seulement chez ceux qui ont été ignorés par la première chaîne.
- La colère du "petit"
Pour l’heure, un seul candidat non convié a réagi. Il s’agit de Nicolas Dupont-Aignan, toujours très réactif quand il s’agit de dénoncer ce qu’il considère comme un traitement injuste de la part des médias. "C’est insensé ce qui se passe. Et moi j’appelle tous les Français à boycotter cette chaîne", a lancé le président de Debout la France mardi soir sur Europe 1. "Parce qu’ils vivent des recettes publicitaires. Et si chaque Français qui ne partage pas cette conception de la démocratie éteint son téléviseur au moment de cette recette publicitaire, on va revenir à la démocratie. C’est une mauvaise nouvelle pour la démocratie. Cela veut dire qu’une chaîne privée sélectionne avant les Français les candidats", a-t-il insisté. Sur Twitter, il parle même de "viol démocratique".
.@JLMelenchon@benoithamon que pensez-vous du viol démocratique de TF1 de n'inviter que certains candidats ? Défendez la démocratie !
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 21 février 2017
- Le scepticisme des "gros"
Quant aux cinq candidats invités, ils ont du mal à cacher leur embarras. D’un côté, ils ne peuvent refuser de participer à ce qui sera assurément l’un des temps forts de la campagne. De l’autre, ils ont forcément du mal à cautionner le choix de TF1. "Je n'ai pas d'avis tranché sur la question mais je trouve ça un peu étrange d'organiser un débat en choisissant les candidats", a ainsi réagi ce week-end depuis La Réunion François Fillon, qui juge même le procédé "très limite sur le plan démocratique".
Même son de cloche - une fois n’est pas coutume - chez Benoît Hamon. "Ce n’est pas très jute, c’est vrai, très honnêtement", a reconnu le candidat socialiste mardi matin sur Europe 1. Mais le député des Yvelines se souvient encore des débats de la primaire, quand il a affronté six adversaires au cours de soirées parfois ennuyeuses. "Je retiens des débats de la primaire que quand on fait un débat à sept, c’est déjà compliqué. Si on fait un débat à 10 ou 12, ce le sera encore davantage. Il faut trouver les bonnes formules. Ce n’est pas simple", a-t-il reconnu, avant de conclure : "Mais c’est vrai que ce serait mieux qu’on puisse entendre tout le monde."
- Le CSA pourrait tiquer
Mardi soir, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a indiqué redouter un "déséquilibre fort" que créerait le débat de TF1 dans "l'exercice du pluralisme", en avantageant trop les grands candidats, a indiqué une porte-parole. Le CSA devrait examiner la question dans les prochains jours. Pour le conseil, il s’agira également de déterminer à quelle période électorale le débat aura lieu. La "première période", débutée le 1er février, doit s’arrêter "la veille du jour de la publication au Journal officiel de la liste des candidats établie par le Conseil constitutionnel". Or, le même Conseil Constitutionnel prévoit cette publication pour… le 20 ou le 21 mars. La "seconde période" doit elle courir jusqu’à l’ouverture de la campagne officielle.
À un jour près, les conséquences pourraient être bien différentes. Car les règles lors de la "seconde période" sont plus strictes que lors de la première. Pour résumer (car les règles sont pour le moins compliquées, si vous avez le courage, c’est ici), tous les candidats doivent bénéficier du même temps de parole et du même temps d’antenne, "dans des conditions de programmation comparables". Cette petite phrase change tout, car elle comprend que tous les candidats doivent bénéficier d’une exposition à des heures à peu près comparables sur une même chaîne. Pas question donc de programmer les petits candidats lésés par le premier débat tôt le matin ou dans la nuit. Le sujet pourrait être abordé dès mercredi par le Collège du CSA. Si le débat aura lieu le 20 mars donc, le débat sur le débat lui, ne fait probablement que commencer…
Une "émission" avec tous les candidats sur France 2. Quelques heures après le communiqué de TF1, France 2 a annoncé la tenue d'une "émission" le jeudi 20 avril, soit trois jours avant le premier tour, avec tous les candidats officiels cette fois. Un autre débat pourrait être organisé "d'ici fin mars" sur la deuxième chaîne, entre les candidats ayant recueilli le nombre de parrainages requis.