Quel crédit faut-il accorder aux sondages ? Ces derniers jours, plusieurs donnent François Fillon vainqueur de la primaire de la droite et du centre avec 65% des voix. Mais au premier tour, aucun n'avait vu venir l'ampleur de la percée du Sarthois, donné "dans une bonne dynamique" mais jamais en tête - il a finalement terminé en tête avec 44% des voix. Invité d'Europe 1, jeudi soir, le politologue Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF, s'est interrogé sur ce constat d'échec.
Un électorat hyper-volatile ? "Un tel écart entre les sondages et la réalité pose question", estime Bruno Cautrès. "Est ce que l'électeur doit être interprété comme hyper-volatile, hyper-fluide, ou est ce que c'est nous qui n'avons pas vu un phénomène hyper important ?", interroge-t-il, avançant une thèse : "l'électorat de droite a voulu un candidat qui lui permettait de mettre François Hollande dehors : Juppé. Et puis progressivement, il a découvert que Juppé avait un autre projet politique, avec le centre. Et dans la dernière ligne droite, il a peut-être eu le sentiment que Juppé n'allait peut être pas faire le changement auquel il aspirait."
Une remise en question nécessaire. Analysant, cet échec, Bruno Cautrès aspire à une remise en question : "Au Royaume-Uni aussi, en 1992, les sondeurs s'étaient plantés (en ne voyant pas venir l'élection de John Major, ndlr). Après, il y a eu une énorme réflexion de faite. Elle va aussi être faite aux Etats-Unis, il faut peut-être qu'on la fasse chez nous. (...) Il faudrait voir le sondage comme un outil parmi une pluralité."