Fort de 44% des voix au premier tour de la primaire de la droite, dimanche soir, François Fillon peut-il encore être battu ? À cette question, la logique pousse à répondre "non". Avec 16 points d’avance sur Alain Juppé, le député de Paris semble inexorablement lancé vers la victoire. Sauf que cette élection n’est vraiment pas comme les autres. La volatilité de l’électorat, et sa composition même, incite à la prudence.
Un nouveau corps électoral
Au second tour d’une élection, quelle qu’elle soit, et surtout quand il s’agit de la primaire, les cartes sont rebattues. "Il y a des électeurs qui ont voté dimanche et qui n’y retourneront pas. À l’inverse, il y aura des nouveaux entrants", prédit Frédéric Dabi, directeur du Pole opinion de l'Ifop. Autrement dit, le corps électoral est redessiné.
Que vont faire les électeurs de gauche ?
Ils ont été déterminants pour le premier tour. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 15% des personnes qui sont allées voter dimanche étaient des sympathisants de gauche. Soit, sur la base de 4 millions de votants, 600.000 personnes tout de même, qui ont a priori tout fait pour que Nicolas Sarkozy soit battu. Leur attitude pourrait être prépondérante le 27 novembre. Soit ils considèrent que le job est fait, et ils ne se déplacent plus, auquel cas l’avantage est à François Fillon. Soit ils essaient à nouveau de faire entendre leurs voix et, considérant le programme très droitier du député de Paris, c’est Alain Juppé qui pourrait en profiter.
Que vont faire les sarkozystes ?
Nicolas Sarkozy n’a pas hésité longtemps, avant d’appeler à voter François Fillon. Renforçant le statut de grand favori de son ancien Premier ministre. "Le roi déchu est devenu le faiseur de roi", analyse Frédéric Dabi. Mais sera-t-il suivi par ses troupes ? "Il faut être prudent. Personne n’est propriétaire de ses voix", expliquait lundi matin Jérôme Fourquet, directeur de l'Ifop, sur Europe 1. L'ex-président de la République déclenche des passions telles que pour certains de ses partisans, c’est lui ou personne. Dès lors, certains de ses électeurs pourraient être tentés de ne pas voter du tout dimanche prochain. Ce qui, de facto, pénaliserait François Fillon.
La fluidité du vote
C’est l’éternelle inconnue de la primaire de la droite. "Il y a cette question de la fluidité, de la volatilité des votes. On a un corps électoral homogène face à une offre programmatique homogène, malgré les différences. Et passer d’un candidat à l’autre, ce n’est pas un crime idéologique. Cette volatilité n’a pas disparu", résume Frédéric Dabi, de l’Ifop. "Il y a eu une poussée très forte, puissante mais en même temps très volatile et très fragile", a de son côté jugé Jean-Pierre Raffarin, soutien d'Alain Juppé, sur BFMTV, dans une volonté de se rassurer. La règle est toujours vraie pour ce second tour, même si, estime le sondeur, "ça devrait être relativement marginal".
Fillon reste le grand favori
Tout ceci étant dit, le grand favori du deuxième tour reste bel et bien François Fillon. Il a pour lui l’arithmétique et la dynamique. Et d’ailleurs, selon un premier sondage Odoxa publié dès dimanche soir, il recueillerait 56% des voix contre 44% à son adversaire. Pour renverser la tendance, Alain Juppé dispose d’une petite semaine. Il tentera aussi, sans doute, de briller lors du débat télévisé prévu le 24 novembre. "Cette confrontation va être extrêmement importante", assure Frédéric Dabi. "Mais avec l’écart et la dynamique, toutes les conditions sont pour l’instant réunies pour une victoire de François Fillon."