Le compte à rebours est lancé. La campagne pour la primaire de la droite et du centre touche à sa fin avec le vote de dimanche. Europe 1 revient sur les principaux "flops" et "tops" qui ont marqué la course à l’investiture de la droite et du centre.
- Alain Juppé
Juppé, inébranlable. Nicolas Sarkozy avait brandi la menace d’un effet "blast" à l’annonce de sa candidature. Comprenez : un tourbillon médiatique qui allait emporter ses concurrents. Si l’ex-chef de l’Etat est remonté dans les sondages les semaines suivant son entrée en campagne, il ne parvient pas à distancer Alain Juppé qui, depuis de longs mois déjà, fait la course en tête dans toutes les enquêtes d’opinion. "Il paraît que je devais être balayé l'année dernière, que je devais être balayé au mois de septembre. Eh bah je suis toujours là, vous voyez", a ironisé à la rentrée le maire de Bordeaux sur RTL.
La caissière de Prisunic. Invité de France 3 dimanche 13 novembre, le maire de Bordeaux était notamment questionné sur le revenu universel. "Est-ce que tout le monde va le toucher, de Mme Bettencourt jusqu’à la vendeuse de Prisunic ?", s’interroge alors l’ancien Premier ministre, citant ainsi une chaîne de magasins disparue depuis 2002. Sur les réseaux sociaux, cette référence a largement été interprétée comme symptomatique du décalage entre le quotidien de l’immense majorité des Français et celui des élites. Sur RTL, le candidat a avoué, non sans ironie, avoir fait "une énorme connerie". "Je fais mes courses moi-même à Bordeaux. Je ne vais pas au Prisunic, mais à Monoprix, Auchan et Simply Market ou Carrefour Market. Je vis dans le monde réel et je fais la queue à la caisse de ces différents magasins", a-t-il encore assuré.
Alain Juppé évoque les magasins Prisunic
- Nicolas Sarkozy
Un livre surprise. L’ex-chef de l’Etat a misé sur l’originalité en annonçant sa candidature par la publication d’un livre, Tout pour la France, dont les bonnes pages ont intentionnellement fuité dans la presse, deux jours avant sa publication officielle le 23 août 2016. Du jamais vu en politique, et surtout une manière de créer la surprise après des semaines de vrai-faux suspense sur ses ambitions présidentielles.
Rattrapé par les affaires. Le 5 septembre dernier le parquet de Paris requiert le renvoi en correctionnelle des quatorze personnes mises en examen pour financement illégal de campagne, dont Nicolas Sarkozy, dans le cadre de l’affaire Bygmalion. "Une manœuvre politique grossière", dénonce aussitôt Thierry Herzog, l’avocat de l’intéressé. Le 29 septembre, le magazine Envoyé spécial de France 2 enfonce le clou en diffusant une enquête sur cette affaire après de vives tensions au sein de la rédaction de France Télévisions ; selon Le Canard Enchaîné, Nicolas Sarkozy aurait en effet menacé de représailles la chaîne en cas de diffusion du sujet. Des révélations démenties par l’équipe de l’ancien président de la République.
Le 15 novembre, c’est l’affaire du financement libyen de la campagne de 2007 qui resurgit, après des révélations de Ziad Takieddine. Le sulfureux homme d’affaires franco-libanais affirme, dans un entretien diffusé par Mediapart, avoir remis cinq millions d’euros en liquide à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy entre 2006 et 2007. Interrogé sur cette affaire lors du troisième débat, Nicolas Sarkozy a aussitôt balayé : "Vous n’avez pas honte de donner écho à un homme qui a fait de la prison ? Qui a été condamné à d’innombrables reprises pour diffamation et qui est un menteur ?"
- François Fillon
Une impressionnante remontée dans les sondages. À partir de la mi-octobre, François Fillon confirme sa position de troisième homme, un temps disputée à Bruno Le Maire dans les enquêtes d’opinion. Avec 27 % des intentions de vote selon un sondage Ifop-Fiducial publié la veille du troisième débat, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, salué par ses adversaires pour le sérieux de sa campagne, est désormais en mesure d’inquiéter le duo de tête formé par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
Le turban. Il y a eu la chapka de François Hollande… et puis le turban de François Fillon. Le 25 septembre, l’ancien Premier ministre visite un temple Sikh à Bobigny. À cette occasion, un cliché de François Fillon, photographié dans la salle de prière où il apparaît assis en tailleur et coiffé d’un turban violet, a largement amusé les réseaux sociaux. "Le respect pour les religions doit conduire à se conformer aux règles quand vous vous rendez dans un lieu de culte", s’est-il défendu plus tard dans les colonnes du Figaro.
Finalement, un conseiller en com', ce n'est pas toujours superflu :-) #compol#Fillonpic.twitter.com/Un6LlqgrR0
— Christian Delporte (@chdelporte) 26 septembre 2016
- Bruno Le Maire
Un troisième homme sur les talons de Nicolas Sarkozy. Le 5 avril 2016, Bruno Le Maire inaugure son QG de campagne à Saint-Germain-des-Prés, dans un bâtiment où a résidé Charles Baudelaire et qui a également abrité une discothèque. Depuis plusieurs semaines, celui qui veut incarner le renouveau est en état de grâce dans les sondages. Une enquête Odoxa pour Le Parisien /Aujourd’hui en France et BFM TV, publiée le 20 mars, le place alors, avec 16% des intentions de vote, devant François Fillon (9%), et juste derrière Nicolas Sarkozy (23%).
Un renouveau ... en panne. Promoteur du renouveau, le député de l'Eure peine à incarner le renouvellement qu'il a pourtant placé au cœur de sa campagne, et finit par se laisser distancer dans les sondages. Lors du dernier débat avant le premier tour, il apparaît mal à l'aise et essuie les moqueries de ses adversaires. "Il faut 30 ans pour faire un président", lui fait remarquer David Pujadas, citant Jacques Chirac. "Mais vous savez, j’ai déjà des années d’expérience politique derrière moi", répond Bruno Le Maire, ce qui déclenche aussitôt une remarque de François Fillon : "Donc il n’est pas le perdreau de l'année, alors !". "Là, c’est le moment où on arrive à l'inverse de ce que l'on voulait démontrer !", renchérit NKM, sous les rires de l’assistance.
- Nathalie Kosciusko-Morizet
La bataille des parrainages. Ce fut une victoire de longue haleine, arrachée sur le fil. Après un été passé à démarcher, Nathalie Kosciusko-Morizet annonce le 8 septembre, sur France 2, avoir réuni les parrainages de 2.500 adhérents et de 250 élus, dont un minimum de 20 parlementaires, nécessaires à la validation de sa candidature à la primaire. Mi-août, Alain Juppé lui-même avait lancé un appel à ses troupes, depuis Hossegor, demandant à ceux qui ne lui avaient pas encore donné leurs signatures de soutenir la députée de l’Essonne pour que ses idées soient représentées durant la campagne. Le 21 septembre, elle devient officiellement la seule femme à se qualifier pour la primaire de la droite et du centre.
Un aveu de défaite. Jeudi soir, à la fin du troisième et dernier débat avant le premier tour de la primaire, Nathalie Kosciusko-Morizet a reconnu qu’elle ne pourrait pas remporter l’investiture de sa famille politique pour la présidentielle. "Tous mes concurrents, ici proclament, ou ont proclamé à un moment ou à un autre qu'ils allaient gagner la primaire, quand bien même ils savaient que c'était faux. Alors, pour ma part, je sais que ce ne sera pas le cas", a-t-elle déclaré, appelant toutefois les électeurs à lui apporter dimanche le plus large score possible.
- Jean-Frédéric Poisson
Un inconnu sous les projecteurs. Peu de monde, dans le grand public, connaissait Jean-Frédéric Poisson, le président du Parti chrétien-démocrate, seul candidat à ne pas appartenir aux Républicains, et donc à ne pas avoir eu à réunir les parrainages nécessaires pour se qualifier. Lors du premier débat, le 13 octobre, il suscite un vif intérêt de la part des téléspectateurs, au point d’atterrir dans le trending topic de Twitter, tandis que son nom est, au cours de la soirée, le plus recherché des sept candidats sur Google.
Un ambiguïté sur l’extrême droite. Très vite, la proximité assumée du challenger de la primaire avec le Front national refait surface dans la campagne. Le 24 octobre, auprès du magazine Lyon People, il n’exclut pas de voter FN dans le cadre d’un second tour Marine Le Pen /Alain Juppé à l’élection présidentielle. De quoi remettre en cause la bonne foi du député des Yvelines qui, participant à la primaire de la droite et du centre, s’est aussi engagé à soutenir le candidat victorieux dans la course à l’Elysée. Après un rappel à l’ordre de la part de la Haute Autorité, Jean-Frédéric Poisson affirme lors du deuxième débat qu’il ne votera pas FN à la présidentielle, mais confirme de précédentes déclarations selon lesquelles il se sent plus proche de Marion Maréchal-Le Pen que de Nathalie Kosciusko-Morizet.
- Jean-François Copé
L’ambianceur du deuxième débat. À la traîne dans les sondages, Jean-François Copé est apparu particulièrement détendu à l’occasion du deuxième débat, multipliant les plaisanteries, au point de faire preuve d’autodérision. Après une série de lapsus, sur son "gouvernement de choc" avec "des ministres de gauche", puis sur François Bayrou et François Baroin, il a volontiers rappelé sa bourde sur le prix des pains au chocolat : "Moi je fais mes erreurs de prix de pain au chocolat, m'enfin chacun fait les siennes hein !". Enfin, il a terminé sa prestation sur "une France qui remonte à cheval, comme Zorro !".
"10 ou 15 centimes". Le candidat s’est révélé incapable d’estimer le prix d’un pain au chocolat, lors d’une interview sur Europe 1, le 24 octobre dernier. Pour l'ancien patron de l'UMP le prix de cette viennoiserie se situe "autour de 10 ou 15 centimes", quand il coûte environ 1 euro en boulangerie. "Je suis loin du compte. Je ne vais pas en acheter souvent, c'est un peu calorique", s’est-il défendu. En 2012, il s’était déjà attiré de nombreuses critiques, en évoquant un enfant qui se serait fait "arracher son pain au chocolat par des voyous".
Le prix d’un pain au chocolat ? "10 ou 15...par Europe1fr