Doit-il renoncer à être candidat ? Benoît Hamon lui-même se pose la question. Lui qui ne croit pas en l’homme providentiel, s’il est lucide, il doit forcément s’interroger. Distancé dans les sondages par Jean-Luc Mélenchon, qu’il a appelé au secours en vain, le candidat du PS voit le cauchemar arriver : passer sous les 10% et se battre pour ne pas finir sixième, derrière Nicolas Dupont-Aignan au soir du premier tour. Benoît Hamon est en train d’étouffer, pris en étau par Emmanuel Macron d’un côté, qui attire à lui la cohorte des sociaux-démocrates du PS, et de l’autre par Jean-Luc Mélenchon l’insoumis, le candidat de la gauche contestataire.
Sauver des sièges de député. Face à ce tableau effrayant, les élus du PS qui sont encore fidèles se posent eux-aussi la question du retrait de leur candidat : faut-il mourir avec Benoît Hamon, foncer avec lui dans le mur au premier tour, ou jouer la gagne en rejoignant Emmanuel Macron dès maintenant. Au nom du vote utile bien sûr, mais plus prosaïquement pour sauver des mandats de député.
L'arroseur arrosé. Et pourtant, la candidature de Benoît Hamon est légitime : il a été désigné par la primaire. Manuel Valls n’a pas respecté son engagement de soutenir le vainqueur. Pauvre Benoît Hamon, les règles ne sont pas respectées, la loyauté est piétinée. Mais le candidat a-t-il respecté le verdict de la primaire de 2011 ? A-t-il été loyal envers François Hollande que les Français ont élu au suffrage universel ? Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Martine Aubry, tous trois s’indignent aujourd’hui de la trahison de Manuel Valls et en appellent au respect des règles après avoir encouragé, avec la droite, des motions de censure à l’encontre du gouvernement.
La mort du PS. Les électeurs de gauche trancheront. Mais on peut déjà parier qu’il y aura un mort : le Parti socialiste, celui d’Epinay incarné par François Hollande et qui, après 40 ans d’hégémonie à gauche, est en passe d’être vendu à la découpe.