L'annonce de la Première ministre, sur un départ à la retraite avancé à 63 ans pour les personnes qui ont commencé à travailler tôt, "n'est pas la réponse" attendue "à la mobilisation massive constatée", a déclaré dimanche le patron de la CFDT. "Clairement, ce n'est pas la réponse à la mobilisation massive, diverse géographiquement et professionnellement qui s'est opérée" les 19 et 31 janvier, a dit sur France Inter Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, premier syndicat français, qualifiant ce type d'annonces de "rustines".
"Le report de l'âge légal à 64 ans accentue les inégalités inhérentes au monde du travail"
"Le problème de base de cette réforme, c'est le report de l'âge légal à 64 ans, qui accentue les inégalités inhérentes au monde du travail", pour "les femmes, les gens qui ont commencé à travailler tôt, qui ont des métiers pénibles, des carrières hachées ou qui se font virer de leur boulot" à quelques années de leur retraite, a-t-il souligné. "On essaye ensuite de mettre des rustines".
Il réagissait à une annonce d'Elisabeth Borne dans le JDD, à la veille du coup d'envoi des débats devant l'Assemblée nationale sur la très contestée réforme des retraites. La Première ministre a indiqué que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, et non 64 ans comme le prévoit la réforme, répondant ainsi favorablement à la demande des députés LR.
>> LIRE AUSSI - Réforme des retraites : Élisabeth Borne tend une nouvelle fois la main aux Républicains
Laurent Berger a rappelé que les Gilets jaunes avaient été maximum 284.000 à défiler en 2017/2018 selon les chiffres de la police, et que les manifestants le 31 janvier dernier étaient 1,27 million, toujours selon la police, "en étant non violents et pacifiques". "Quelles sont les perspectives d'un pays démocratique quand on fait comme si 1,27 million de personnes, ça n'existait pas, et qu'on a (en revanche) répondu à des actions parfois très violentes ?".
Pas "anti-Macron"
Le numéro un de la CFDT a dit ne pas être "dans un combat contre le gouvernement", ou "anti-Macron". "J'en ai rien à faire de ça, ce qui m'intéresse, c'est la situation concrète des travailleurs et travailleuses impactés très durement par cette réforme".
Laurent Berger a indiqué avoir "des échanges très constructifs avec des députés de la majorité". "Bien sûr, ce sera à eux de se décider. Il faut qu'ils regardent dans toutes les villes et circonscriptions où ils sont élus. Quand par exemple vous êtes député de l'Ain et qu'il y a 10.000 manifestants à Bourg-en-Bresse, cela doit-il vous laisser totalement indifférent?", a-t-il questionné.