Nouveau bras de fer entre les syndicats et le gouvernement. Les premiers veulent défiler jeudi mais l’exécutif s'y oppose pour menace de troubles à l'ordre public. Le ministre de l’Intérieur propose, à la place, un rassemblement statique dans Paris. Le compromis proposé rappelle la méthode du Président depuis son arrivée au pouvoir : dans l'affaire Léonarda, la jeune fille pouvait rentrer -mais- sans sa famille. Pour la déchéance de nationalité, il ne fallait pas céder -mais- ne pas créer deux catégories de Français. Enfin aujourd’hui la CGT peut manifester -mais- sans défiler !
Une fan zone syndicale.Après les vitres brisées de l’hôpital Necker, après les alertes répétées des syndicats de police faisant état de forces de l’ordre exsangues, alors que la menace terroriste est maximale, qu’il faut sécuriser l’Euro et que la France est en état d'urgence, le président ne veut pas interdire totalement la contestation sociale. Pourtant François Hollande avait prévenu devant ses ministres réunis en conseil mercredi dernier : cette fois sa main ne tremblerait pas. "Pas de manifestation à Paris dans le mois qui vient", avait-il affirmé, selon un témoin. Pourtant aujourd'hui le gouvernement propose une fan zone syndicale avec son rassemblement statique. Le signal d'autorité n'a duré qu'un temps.
Elu sur le respect des syndicats. Car interdire une manifestation syndicale, c'est acter un peu plus une fracture entre le pouvoir avec la gauche et sa majorité. Là réside toute la fragilité de François Hollande dans ce conflit. Il s’est fait élire sur la promesse du dialogue social retrouvé, de la concertation, du respect des syndicats par opposition à son prédécesseur. Remettre en cause le droit de manifester pour ce président-là est donc politiquement difficile à assumer. Une partie du PS est hostile à l’interdiction, ainsi que les frondeur et Jean-Luc Mélenchon.
Un pouvoir hésitant et faible. L’équation du président est délicate : comment répondre à un besoin très fort de l’opinion d’ordre et d’autorité sans donner le sentiment de prendre des mesures liberticides? Finalement, François Hollande choisit de ne pas la résoudre mais de la compliquer en autorisant une manifestation statique. Un non-choix qui donne le sentiment d’hésiter face une mobilisation syndicale en fort déclin. L’hésitation pour le pouvoir est le signe le plus éclatant de sa faiblesse.