C'est donc au milieu de la nuit qu'Emmanuel Macron a promulgué le texte de la réforme des retraites, tout juste validé par le Conseil constitutionnel dans sa quasi totalité. Le président s'exprimera lundi soir lors d'une allocution aux Français à 20 heures. Et dans l'attente, les mots d'ordre du gouvernement sont apaisement et discussion sur la valeur travail. Les cadres de Renaissance, entourés des ministres, se sont réunis ce samedi après-midi au dojo de Paris dans le 14e arrondissement, une grande salle de judo.
Le service après-vente du président
Après une lutte entre Emmanuel Macron et les syndicats sur la promulgation ou non de cette réforme, c'est finalement un ippon de la part du chef de l'État. Mais un cadre de la majorité répond, "le président a toujours promulguer les lois dans la foulée". Ce samedi, au dojo, l'objectif est de faire le service après-vente du président. "Nous sommes fiers de cette loi", affirme Olivier Dussopt. Le ministre du Travail en profite même pour remercier les députés de la majorité. "Toute la majorité est présente, toute, intégralement et présente physiquement pour voter, pour faire corps et pour tenir pendant des jours et des jours. C'est ce qui nous a permis de tenir. Ce résultat est vraiment une victoire et un travail collectifs et c'est aussi notre capacité à montrer que même dans la difficulté, nous savons réformer. Je crois qu'il faut garder cet épisode comme un encouragement", se réjouit-il.
>> LIRE AUSSI - Retraites : les oppositions dénoncent la rapidité de la promulgation de la loi par Emmanuel Macron
Une victoire pour Olivier Dussopt, qui a quand même laissé quelques plumes dans cette bataille des retraites, comme l'ensemble du gouvernement qui semble plus isolé que jamais. Une situation compliquée qui n'a pas échappé à Gérald Darmanin. "Nous avons totalement conscience que pour les parlementaires, les élus et les militants, le moment n'est pas facile. On nous reproche beaucoup de choses et la popularité n'est pas au beau fixe", reconnaît le ministre de l'Intérieur. En effet, en dehors, partout en France, les manifestations s'enchaînent et la contestation se radicalise avec des actions de plus en plus violentes. Gérald Darmanin appelle donc au calme. "Pour résumer ce qui s'est passé depuis quelques semaines, dans une phrase simple qui devrait définir normalement notre démocratie : on peut en débattre, mais on doit jamais en découdre. Je pense que ça doit être notre règle démocratique pour toutes et tous", insiste le ministre de l'Intérieur.
"C'est Elisabeth Borne qui tient la maison"
De son coté, Elisabeth Borne a elle aussi participé au Conseil national du parti Renaissance. Lors d'un discours, la Première ministre n'a pas laissé paraître de triomphalisme. "Mes chers amis, nous traversons une période complexe. Aujourd'hui, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu", souligne la cheffe du gouvernement avant d'admettre "qu'il y a une réforme difficile". "Une réforme qui demande des efforts à beaucoup de nos compatriotes, j'en suis consciente. Mais une réforme qui tient compte des situations de chacun. Une réforme nécessaire pour garantir l'avenir de notre système par répartition", insiste Elisabeth Borne lors de la tribune du parti Renaissance.
>> LIRE AUSSI - Retraites : Marylise Léon de la CFDT veut «alerter sur les dangers de cette promulgation précipitée»
Lors de ce Conseil national, c'est une ovation pour la Première ministre. "On peut l'applaudir très fort. C'est elle qui tient la maison", clame Fadila Khattabi, la présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Au dojo de Paris, la majorité cherche de nouvelles pistes pour sortir de la crise actuelle. Conclusion, six potentielles réformes, comme la fin de vie, le logement ou l'écologie, sont adoptées par le parti Renaissance, qui proposera ces mesures dans les prochains mois. Mais la grande attente ici, c'est la prise de parole d'Emmanuel Macron lundi soir prochain. "Le président annoncera le nouveau cap pour le pays", affirme Stéphane Séjourné.
L'objectif est clair : tourner la page des retraites. Mais le défi semble immense, tant la contestation sociale et politique est forte. Enfin, Emmanuel Macron aura surtout la responsabilité de ramener les syndicats autour de la table s'il veut avancer sur des nouveaux sujets. Chose impensable pour le moment.