La fin du quinquennat approche, et il devient plus en plus improbable de voir une réforme des retraites aboutir avant l’échéance. Le gouvernement ne cache d’ailleurs pas qu’il sera compliqué de mener cette réforme dans le temps imparti, même si Emmanuel Macron a récemment délivré quelques pistes, notamment le recul de l’âge de départ. Une réforme enterrée donc, mais ses opposants restent prudents. "Moi, vous savez, je suis toujours sur mes gardes", a prévenu Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, vendredi sur Europe 1.
"Pour ce qui nous concerne, on n'a pas changé d'avis sur le bien fondé, en l'occurrence pour nous, le mal fondé de ce projet de réforme des retraites, a fortiori de l'idée d'imposer de devoir travailler plus longtemps à ceux qui ont encore un travail au moment de pouvoir faire valoir leurs droits à la retraite", a poursuivi le syndicaliste. "Et je l'ai dit, si le sujet devait revenir, il nous trouvera sur son chemin et nous sommes combatifs."
Il n'exclut pas de boycotter les négociations de Matignon
Si Yves Veyrier est si méfiant, c'est qu'il croit déceler au sein de l'exécutif une volonté de réformer malgré la crise sanitaire. "C'est l'état d'esprit du début du mois de juillet. A peine on a le sentiment qu'on va peut-être enfin sortir de la crise sanitaire, et le président de la République lui-même annonce à grands pas avec la réforme de l'assurance chômage, la réforme des retraites", a-t-il rappelé. Et il n'exclut pas de boycotter les concertations sur le sujet prévues à la rentrée à Matignon. "Je vais voir ce qu'il en sera, mais en tout cas, si on vient me demander de discuter d'un recul de l'âge de la retraite, très clairement je ne m'inscris pas là-dedans."
Yves Veyrier conteste aussi les raisons du déficit du système des retraites - 13 milliards d'euros en 2021. "Les difficultés en matière d'équilibre viennent principalement des difficultés sur l'emploi, les difficultés d'entrée dans l'emploi avec un emploi pérenne à temps plein pour les jeunes, les emplois à bas salaires à temps partiel imposé que subissent plus souvent les femmes", a affirmé le numéro un de FO. "L'allongement de l'accroissement du nombre de demandeurs d'emploi de longue durée, c'est ça qu'il faut résoudre. Si on ne résout pas cela, n'aurons pas de solution sur le sujet des retraites. Sauf à nous dire à un moment donné qu'il n'y aura plus de retraite parce qu'on n'est pas capable de créer suffisamment d'emplois. Et ça, nous ne sommes pas d'accord".