La peur du Rassemblement national fait se déchirer la droite. Dimanche, le Premier ministre Jean Castex a annoncé dans un entretien au JDDle retrait de la liste LREM au premier tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, au profit du président LR sortant de la région, Renaud Muselier. Ce dernier, qui s'était "félicité" de l'annonce du Premier ministre auprès de l'AFP, s'est vu privé dans la foulée de l'investiture de son parti, a fait savoir Christian Jacob, patron des LR. Dans le Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a réagi à ce petit séisme politique.
Il a estimé que le retrait de la liste LREM au profit de la liste LR, loin d'être un renoncement, montrait une "clarification au niveau national pour Les Républicains". Selon lui, le parti est "devenu une façade, un décor de cinéma sur des personnes qui n’ont pas la même ligne sur la plupart des sujets et sur les sujets fondamentaux". Tandis qu'En Marche, lui, "pense avant tout à l'intérêt général et aux Français, et pas à l'intérêt des boutiques politiques".
"L'ADN du dépassement"
"C’est dans notre ADN, le dépassement politique", a affirmé Gabriel Attal, ajoutant que ce rapprochement de listes était "une nouvelle étape de dépassement et de clarification au niveau national pour Les Républicains." "Vous avez aujourd'hui chez les LR deux lignes, ceux qui veulent construire avec nous et ceux qui veulent pactiser avec le Rassemblement National", a-t-il appuyé. Selon lui, cette dernière s'incarne par "celle d'Eric Ciotti", qui a déclaré récemment que ce qui différencie LR du RN, "c'est la capacité à gouverner" - et non une "différence de ligne et de fond", dénonce Attal.
Gabriel Attal a aussi cité comme exemple de cette "clarification" selon lui la situation en région Bourgogne-Franche-Comté, où "le candidat LR Gilles Platret fait un accord avec des anciens cadres du rassemblement national et avec le parti de Nicolas Dupont-Aignan" tandis que "François Sauvadet, figure de la région, ancien ministre, président du département de la Côte d'Or, dit que ce ne sont pas ses valeurs".
D'autres alliances à venir ?
Interrogé sur la possibilité d'autres accords LR-LREM comme en PACA, par exemple en Grand Est ou dans les Hauts de France, où le risque de voir l'emporter le Rassemblement national n'est pas exclu le porte-parole du gouvernement a botté en touche. L'alliance en PACA avec Renaud Muselier serait donc, selon lui, "d'abord une alliance sur des valeurs". Il considère qu'il "y a des endroits où les conditions sont réunies et d'autres où les conditions ne sont pas réunies" pour ces rapprochements, et que LREM ne compte pas "renoncer à ses valeurs". "Il y a cette volonté de dépassement politique, mais évidemment pas à n'importe quel prix. Ça doit se faire derrière des projets, derrière l'intérêt général", a-t-il conclu.