Faut-il couper ponctuellement l'accès aux réseaux sociaux en cas de violences urbaines ? La proposition, avancée par Emmanuel Macron après les émeutes qui ont touché de nombreuses communes, a fait beaucoup parler. Le gouvernement a d'ailleurs rapidement clarifié les propos du chef de l'État, en disant qu'il envisageait plutôt de "suspendre des fonctionnalités". Après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre après un refus d'obtempérer, les réseaux sociaux ont joué un rôle amplificateur.
Des dizaines de vidéos des scènes de violences étaient accessibles en direct et en quelques clics, et les systèmes de géolocalisation "pouvaient permettre à des jeunes de se retrouver à tel endroit, en montrant des scènes, comment mettre le feu etc... C'est des appels à l'organisation de la haine dans l'espace public", avait notamment dénoncé Olivier Véran.
"Les réseaux sociaux, ça ne peut pas être la jungle"
Invité ce vendredi matin de Culture Médias, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, est revenu sur la possibilité de restreindre les fonctionnalités des réseaux sociaux en cas d'émeutes.
Et selon lui, l'objectif est d'"éviter que les réseaux se transforment en communautés de haine". "C'est ce qu'on a vu pendant plusieurs jours en France et c'est totalement inacceptable parce que ça sert de relais à la haine pour aller brûler des commerces, pour aller piller des commerçants, tout ça est totalement inacceptable. Donc dans ce cas là, il faut suspendre l'activité du compte", avance Bruno Le Maire au micro de Philippe Vandel.
Outre la possible suspension de comptes, Bruno Le Maire avance la possibilité de "remonter les adresses IP, comme l'a dit le Garde des Sceaux. Vous ne pouvez pas faire n'importe quoi, appeler au pillage sans qu'on puisse vous retrouver via votre adresse IP, qu'on puisse vous retrouver pour ensuite vous punir et vous sanctionner. Les réseaux sociaux, ça ne peut pas être la jungle", insiste-t-il.
"Ces appels à la haine dématérialisés se traduisent très concrètement"
Vient également la responsabilité des plateformes, et la possibilité pour l'État de collaborer avec elles. Une collaboration qui existe déjà, assure Bruno Le Maire. "Pendant les jours d'émeutes que nous avons connus, lorsqu'il fallait suspendre, arrêter des messages, les plateformes ont joué le jeu", précise le ministre de la Souveraineté numérique. "Lorsqu'il y a des appels à la haine, des appels à la violence, il est évident qu'il faut pouvoir retrouver les auteurs de ces appels à la haine et à la violence et les sanctionner.
C'est ce à quoi s'est engagé le garde des Sceaux. Il a tapé du poing sur la table, à juste titre, pour dire que l'on ne peut pas faire tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux sous prétexte que c'est dématérialisé. Parce que ces appels à la haine dématérialisés se traduisent très concrètement par des incendies, des commerces qui flambent ou des écoles qui sont brûlées, c'est totalement inacceptable", martèle Bruno Le Maire.
Pour le ministre de l'Économie, le problème n'est pas les réseaux sociaux, mais l'utilisation qui peut en être faite. "Si vous échanger des idées, des photos, des impressions de voyage, pas de soucis. Si vous vous en servez pour dire 'rendez-vous à telle heure, à tel endroit pour aller brûler la mairie', là ça pose problème. Il faut que vous soyez poursuivis et sanctionnés", conclut Bruno Le Maire au micro de Culture Médias.