Les annonces d'Édouard Philippe n'ont pas calmé les syndicats, bien au contraire. Le Premier ministre, qui a présenté la réforme des retraites mercredi midi, s'est attiré les foudres de la CFDT, de la CGT ou encore de l'Unsa Ferroviaire. "La ligne rouge est franchie" avec l'âge d'équilibre à 64 ans, a déclaré Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, pourtant favorable à la mise en place d'un système universel. "Le gouvernement s'est moqué du monde", a taclé le numéro un de la CGT Philippe Martinez.
"La ligne rouge est franchie" pour la CFDT
"Il y avait une ligne rouge dans cette réforme, c'était le fait de ne pas mélanger la nécessité d'une réforme systémique (…) et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps, cette ligne rouge est franchie", a déclaré Laurent Berger dans les couloirs du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il a dénoncé une réforme "lestée par un angle budgétaire accru". Le secrétaire général de la CFDT a également annoncé une réunion des instances de son syndicat dans l'après-midi pour "décider des actions dans les jours à venir".
La CFDT, qui jusqu'ici n'avait pas appelé à la grève, pourrait donc à son tour appeler à la mobilisation. "Très clairement, perdre la CFDT, là, aujourd'hui, c’est une première réponse au fait que ça ne va pas s’arrêter tout de suite et qu’il faut estimer que ça va être encore compliqué dans les jours à venir (pour le gouvernement)", a analysé Emmanuel Duteil, chef du service économie d'Europe 1.
Même "déception" pour le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, qui n'était pas non plus opposé au système à points. "On a eu la désagréable surprise, qui est une ligne rouge pour nous, qui est la question de la mesure d'âge", a-t-il déclaré.
Pour la CGT, "le gouvernement s'est moqué du monde"
De son côté, Philippe Martinez a, sans surprise, été encore plus virulent, estimant que "le gouvernement s'est moqué du monde". "Le gouvernement veut individualiser le système de retraite (…). Tout le monde va travailler plus longtemps, c'est inacceptable", a déclaré le leader de la CGT.
"Est-ce que, décemment, quelqu'un est en capacité de dire que quand il croisera son collègue de travail – je pense aux cheminots – qui ne sera pas né la bonne année, à quelques jours près, il lui dira : 'Tant pis pour toi, moi je vais partir à un certain âge et toi tu vas être contraint de travailler beaucoup plus longtemps'. C’est inacceptable", a tonné Philippe Martinez. "C’est sacrifier les nouvelles générations, à les obliger à travailler plus longtemps. Nous ne sommes pas du tout satisfaits, c’est ce moquer du monde et c’est surtout se moquer de ceux qui sont en lutte aujourd'hui et de l’opinion publique, qui est largement défavorable à ce projet de réforme du système des retraites."
Vers un durcissement du mouvement à la SNCF ?
Les cheminots, déjà fortement mobilisés contre la réforme des retraites, devraient continuer leurs actions dans les jours (voire semaines) à venir. La CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, a appelé "à renforcer la grève". L'Unsa ferroviaire, le deuxième syndicat de la compagnie ferroviaire, a lui déploré un projet "pas à la hauteur de (ses) revendications".
"Un bon équilibre" pour le Medef
Sans surprise, le Medef a salué le "bon équilibre" de la réforme des retraites. "Du côté des entrepreneurs que représente le Medef, c'est un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive (…) et la nécessité que tout ça doit être financé par quelqu'un et donc qu'il faut, quand c'est possible, qu'on travaille plus longtemps", a assuré le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.