Les eurodéputés Verts et socio-démocrates s'opposeront lundi au démarrage de négociations sur une libéralisation des visas pour les Qataris dans l'UE, alors que le Parlement européen est secoué par des soupçons de corruption en son sein impliquant le Qatar. Réunis à partir de lundi à Strasbourg, les eurodéputés devaient valider l'ouverture de pourparlers entre le Parlement européen et les Etats membres de l'UE en vue de finaliser un texte facilitant le régime de visas pour les voyageurs du Qatar et du Koweït.
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Agenda perturbé
Ce texte, qui a déjà reçu le feu vert des Etats membres fin juin, prévoit de dispenser de visa les ressortissants du Qatar et du Koweït se rendant dans le bloc européen pour une durée maximale de 90 jours, sous réserve d'un accord de réciprocité avec ces deux pays. Mais une opération anticorruption menée vendredi par la police belge, qui a notamment interpellé Eva Kaili, l'une des vice-présidentes du Parlement, perturbe désormais l'agenda.
Le rapporteur du texte, l'eurodéputé Vert allemand Erik Marquardt, a annoncé qu'il s'opposerait finalement au lancement des pourparlers. Et son groupe politique a suivi. "Zéro tolérance pour la corruption. Les Verts vont s'opposer lundi au mandat pour démarrer les négociations sur une libéralisation des visas avec le Qatar", a indiqué sur Twitter la co-présidente des eurodéputés Verts Terry Reintke.
Interrogation sur l'attitude des parlementaires S&D
De son côté, le groupe des socio-démocrates (S&D) réclame "la suspension des travaux sur tous les dossiers et votes concernant les États du Golfe, en particulier sur la libéralisation des visas". Parmi les personnes interpellées vendredi, outre la socialiste grecque Eva Kaili, figurent son compagnon Francesco Giorgi - un assistant parlementaire -, ainsi que l'ancien eurodéputé socialiste Pier-Antonio Panzeri, qui siégea de 2004 à 2019.
Autre conséquence : des eurodéputés se sont interrogés samedi sur l'attitude des parlementaires S&D lors du débat et du vote, le 24 novembre dernier, d'une résolution condamnant les violations des droits humains au Qatar.
Le Qatar, "chef de file en matière de droits du travail", disait Kaili
Dans l'hémicycle, Eva Kaili avait estimé que l'émirat était "un chef de file en matière de droits du travail" et jugé que les Européens "n'avaient aucun droit moral de lui faire la leçon", suscitant des remous. Pierre Karleskind (Renew, libéraux) s'était alors demandé pourquoi les socialistes avaient d'abord voté contre le principe même d'une résolution, avant d'empêcher, de concert avec la droite (PPE) et l'extrême droite, l'adoption de plusieurs amendements, dont ceux condamnant l'attitude de la FIFA face à l'oppression des droits LGBTIQ. "Je crains maintenant de comprendre...", a réagi samedi sur Twitter cet eurodéputé français.
"J'alertais déjà en novembre sur le lobbying agressif mené par le Qatar (...) On comprend mieux pourquoi", a souligné de son côté Manon Aubry (gauche radicale).