"Le Hijab rend libre." C'était le message d'une campagne lancée jeudi dernier par le Conseil de l'Europe. Propulsée par le Programme pour l'inclusion et la lutte contre les discriminations du Conseil et cofinancée par l'Union européenne, cette campagne proposait des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l'image. Un message en anglais indiquait notamment : "beauty is in diversity as freedom is in hijab", "la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab". Passée relativement inaperçue dans un premier temps, elle a fini par déclencher une vive polémique en France, de l'extrême droite au gouvernement, conduisant mardi l'organisation, vigie des droits de l'homme sur le continent, à la retirer.
Une campagne "absolument inappropriée"
"La campagne évoquant le hijab comme un outil de liberté est absolument inappropriée", a dénoncé Michel Barnier, candidat LR à la présidentielle au 20 heures de France 2 mardi soir. "J'aurais souhaité que les gens qui ont eu cette mauvaise de campagne aillent interroger, s'ils avaient pu, les femmes de Kaboul qui elles se battent précisément pour ne pas porter ce voile. Le voile n'est pas un instrument de liberté des femmes, c'est le contraire", a-t-il poursuivi. Le probable candidat à la présidentielle Éric Zemmour a lui fustigé "un jihad publicitaire, une campagne ennemie de la vérité", en affirmant que "l'islam est l'ennemi de la liberté".
"Cette communication européenne en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement", a lancé de son côté Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national. "Ceci n'est pas une campagne de propagande des Frères musulmans, mais du Conseil de l'Europe", a ironisé de son côté le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. À droite, la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse a elle aussi fait part de sa "stupeur", estimant que le voile n'était "pas un symbole de liberté, mais de soumission".
Un projet qui ne représente pas "la position du Conseil de l'Europe"
"Ces tweets ont été retirés et nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet", a confirmé dans un communiqué le Conseil de l'Europe, l'organisation paneuropéenne basée à Strasbourg. Ils "faisaient partie d'un projet conjoint" du Conseil et de l'Union européenne "contre la discrimination, dont l'objectif était de sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l'inclusion et de combattre tout type de discours de haine", a encore justifié le Conseil.
Les tweets "reflétaient les déclarations faites de manière individuelle par des participants dans l'un des ateliers du projet et ne représentent pas la position du Conseil de l'Europe ou de sa Secrétaire Générale" Marija Pejcinovic Buric, a encore assuré l'organisation.