Rendez-vous est pris : c'est donc mercredi qu'Edouard Philippe détaillera en intégralité les contours du projet de réforme des retraites. Une réponse à la mobilisation de la rue de jeudi, qui a instauré un bras de fer entre syndicats gouvernement. Le Premier ministre, lui-même a parle d'une "grève importante". Invité d'Europe 1, Michel Pigenet, historien du travail et des mouvements sociaux et professeur d’Histoire contemporaine à l’université Paris I-Panthéon Sorbonne, en souligne"l'ampleur et l’étendue, au sens où à la fois il y a une certaine diversification des manifestants et surtout une étendue dans le pays".
1995 : une référence ?
Depuis le début du mouvement de mobilisation contre la réforme des retraites, la date de 1995 est dans toutes les têtes. Les syndicats avaient alors réussi à faire plier le gouvernement Juppé, qui voulait toucher aux retraites. Plus de vingt plus tard, c'est un juppéiste - Edouard Philippe - qui pilote la réforme. Toutefois, contrairement à 1995, Emmanuel Macron avait annoncé son projet de réforme des retraites durant la campagne présidentielle. "En 1995, on a une réforme qui essaye de prendre l'opinion par surprise (...) puisque Jacques Chirac avait été élu sur le thème de la fracture sociale" rappelle Michel Pigenet. Les deux mouvements sont également différents sur le plan social : la réforme de 1995 "touchait à la sécurité sociale mais, surtout aux régimes de retraite des services publics et de la fonction publique. En 2019 c'est tout le système des retraites qui est touché" précise l'historien.
"Maintenant on a un temps à vivre après la période du travail"
Les grévistes des régimes spéciaux maintiennent la pression notamment dans les transports à la RATP et à la SNCF. Pourtant en "1995 ça n'a pas démarré si vite que ça, les enseignants s'y sont ralliés en cours de route" se souvient encore Michel Pigenet. La question des retraites reste pour lui un dossier toujours inflammable, parce que "ça concerne toute la population, toute une population qui n'est plus celle de 1950 ou de 1910 (...). Maintenant on a un temps à vivre après la période du travail. Quand on y touche, on touche quelque chose de profond".