Rarement Emmanuel Macron aura autant laissé exprimer sa colère. Jeudi après-midi, après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard à la Commission européenne, le président français a fermement évoqué du "ressentiment" et des "petitesses" de la part des députés européens. Il a aussi exigé des explications, alors que selon lui, il avait proposé trois noms, et que c’est celui de Sylvie Goulard qui avait été accepté à la fois par le président de la Commission européenne, mais aussi par les présidents des groupes politiques au Parlement. La réaction du président français n’est évidemment pas passée inaperçue à Bruxelles, et elle n’a pas été franchement bien accueillie.
D’ailleurs, dès la soirée de jeudi, les réactions étaient glaciales. En série, les groupes politiques ont démenti les déclarations d’Emmanuel Macron, et démenti avoir donné leur accord en amont à la candidature de Sylvie Goulard. Entre le Parlement de Strasbourg et le locataire de l’Elysée, c’est en fait la guerre ouverte depuis quelques semaines.
"Ils ne comprennent rien, ils dézinguent à tout va"
Les grandes familles politiques, aussi bien la gauche que la droite, n’ont pas digéré le coup du mois de juillet, quand le président français a dégainé l’Allemande Ursula von der Leyen pour diriger la Commission européenne. Elles estiment que ce choix leur revenait, et elles avaient d’ailleurs sélectionné leurs candidats. L’affaire leur a laissé un goût amer.
Et puis, il y a la maladresse, l’arrogance disent certains, de la délégation En marche. Elle ne respecte pas les codes de la vie parlementaire à l’européenne. Il y a 10 jours par exemple, les macronistes se sont vantés d’avoir fait tomber le candidat hongrois pour conflit d’intérêt. Chaque famille politique avait un candidat vulnérable et "on se tenait tous par la barbichette", décrypte un élu de droite. "Mais eux ils ne comprennent rien, ils dézinguent à tout va". Par ricochet, Sylvie Goulard en a fait les frais.