Ses Murmures à la jeunesse risquent de faire beaucoup de bruit. Christiane Taubira, l'ancienne garde des Sceaux, sort un livre, écrit avant sa démission dans le plus grand secret.
Une parution vitesse grand V. Les 40.000 exemplaires du livre sont arrivés d'Espagne enrubannés de plastique. Tout s'est fait très vite. Entre le contact pris avec l'éditeur, le 10 janvier, et le "bon à tirer" une semaine plus tard, Christiane Taubira voulait que son livre paraisse avant le début du débat sur la déchéance de nationalité à l'Assemblée. Elle en a transmis les épreuves à François Hollande cinq jours avant l'annonce de sa démission. Sur la quatrième de couverture, elle est même encore présentée comme la garde des Sceaux.
Un réquisitoire contre la déchéance. Dans cet essai de 94 pages, elle anticipe les ravages de cette déchéance. "A qui parle le symbole de la déchéance, puisqu'il ne parle pas aux terroristes ? Qui devient, par défaut, destinataire du message ? Celles et ceux qui partagent, par totale incidence avec les criminels visés, d'être bi-nationaux. Rien d'autre", écrit-elle. Puis, dans ce style enlevé et presque lyrique qui la caractérise, l'ancienne ministre évoque ses propres difficultés à défendre ce texte, auquel elle n'a jamais cru. "Céder à la coulée d'angoisse et se laisser entraîner, au lieu d'endiguer, signe la fin du Politique et de la politique. Le glas. Plus fatal que l'hallali", peut-on lire.
Partir ou rester : son choix n'avait pas été fait. A l'heure où elle écrit ces lignes, la garde des Sceaux ne sait d'ailleurs pas encore si elle va le rester. Elle écrit ainsi : "peut-être serait-il plus raisonnable d'être raisonnable et de laisser passer. En convenir, s'en accommoder. Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m'avisais de bâillonner ma conscience." Le texte sur la déchéance de nationalité sera examiné mercredi en Conseil des ministres.