"J’ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle de 2017". Voilà comment Nicolas Sarkozy ouvre son dernier livre Tout pour la France, à paraître chez Plon mercredi. "En conséquence, je participerai à la primaire de la droite et du centre". Avec cette annonce, l'ancien président de la République se lance pleinement dans la campagne présidentielle et quitte ses fonctions de président des Républicains dès ce lundi. "J’ai conscience de la singularité de ma position. J’ai été élu et battu. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi prêt", assure-t-il. Au programme de cet ouvrage en forme de feuille de route : un bilan de l'actuel quinquennat de François Hollande et une critique de ses rivaux ainsi que le déroulement de son programme économique, social et sécuritaire.
Un bilan sévère du quinquennat de François Hollande. Nicolas Sarkozy évoque une "crise de crédibilité politique majeure" provenant des "quatre années que nous venons de vivre, où le mensonge, l’immobilisme, le cynisme ont tant pénalisé notre pays." Le candidat accuse la gauche, le président de la République en tête, d'avoir trahi le peuple français car il ne le connaît plus. "À quoi ont servi les exhortations de François Hollande durant la campagne de 2012 sur la finance, son prétendu ennemi ?" Il dénonce également "le déni profond de réalité dont a fait preuve celui qui m’a succédé". Un bilan sans concession qui ne laisse pas de place au moindre rival.
Il attaque ses rivaux. Tout au long de son ouvrage, il remet en cause les positions et propositions de ses rivaux au sein de sa famille politique. Par exemple, il reprend le thème de "l'identité heureuse" développé par Alain Juppé et considère qu'elle n'est pas possible à cause du chômage, des Français qui haïssent leur pays, lorsque les "règles de la République sont bafouées" ou encore lorsque l'on accepte des accommodements 'raisonnables' par soucis d'apaisement.
Le gouvernement par ordonnance avancé par Jean-François Copé est lui aussi mis à mal "lorsque Chirac [alors président de la République] et Juppé [premier ministre] utilisèrent cette procédure en 1995, cela se termina par un blocage du pays et le retrait en rase campagne de l’essentiel du projet de l’époque de réforme de la sécurité sociale." Des critiques sans détour qui lui permettent de dérouler son propre plan pour la France.
Nicolas Sarkozy est "toujours partisan du travailler plus pour gagner plus". Pour le candidat l'orientation économique que le pays doit prendre est claire, "être focalisée pour et sur les entreprises" et pour atteindre cet objectif, Nicolas Sarkozy déroule une série de mesures. Pour les entreprise, il propose une baisse des cotisations de 34 milliards d'euros ainsi que la fin de la "durée unique du temps de travail". "Je suis toujours un partisan du 'travailler plus pour gagner plus', pas pour gagner moins." Chaque entreprise pourra fixer son temps de travail et les salariés seront payés en conséquence. Trente cinq heures seront payées 35, 36h seront payées 36 etc. Et les heures supplémentaires seront de nouveau défiscalisées. Mais pour cela, il faudra également que l'âge de départ à la retraite soit repoussé à 63 en 2020 et 64 en 2025.
Des allocations chômage dégressives. Le candidat Sarkozy s'attaque également au chômage. Il propose que les demandeurs d'emploi touchent une aide unique qui soit plafonnée à 75% du SMIC et conditionnée à la reprise d’une activité ou d’une formation. D'autre part, son montant serait dégressif. Il diminuerait de 20% au bout de 12 mois et à nouveau de 20% après 18 mois sans activité.
Un tiers de parlementaires en moins. Pour faire des économies au sein même du fonctionnement de l'État, l'ancien chef de file des Républicains suggère de réduire de 300.000 le nombre de fonctionnaires sur tout le quinquennat en ne remplaçant pas un départ en retraite sur deux sauf pour l'armée, la justice, la police et la gendarmerie. Les parlementaires seront également réduits d'un tiers et les députés-maires et sénateurs-maires pourront de nouveau cumuler leurs deux mandats électoraux.
L'identité, "sera bien l’un des touts premiers débats". Le candidat Sarkozy consacre un chapitre entier de son ouvrage à ce thème. "Je veux parler au peuple français. Il est patriote, il veut la sécurité, il a compris qu’il fallait réduire l’immigration, il est contre l’assistanat. Il est solidaire, généreux, ouvert mais il n’acceptera plus que la république recule." La proposition principale de Nicolas Sarkozy est une réduction "drastique" du nombre d'immigrés. Selon lui, la France a "trop accueilli" et doit désormais s'atteler "à assimiler les nouveaux arrivants et pas seulement les intégrer". Car "refuser la civilisation française, c’est s’exclure de la communauté nationale".
Une communauté dont l'accès sera pourtant plus difficile. Le droit du sol ne s'appliquera pas si les parents sont en situation irrégulière au moment de la naissance et les étrangers devront justifier d'une résidence de dix ans sur le sol français (contre cinq aujourd'hui) pour prétendre à une naturalisation. "Il est temps d’engager un combat déterminé contre multiculturalisme", affirme-t-il.
L'Islam doit "s'adapter à la France". "Disons le tout net sans aucun esprit de polémique, ce n’est pas avec les religions que la République a aujourd'hui des difficultés, mais avec l’une d’entre elles qui n’a pas le travail nécessaire autant qu’inévitable d’intégration". Partant de cette constatation, Nicolas Sarkozy se déclare favorable à la mise en place d'une procédure d'habilitation des imams avec une formation très encadrée. "C’est donc à l’Islam de s’adapter à la France, non à cette dernière d’accepter une pratique religieuse radicale parfaitement contraire à nombre de nos principes fondateurs. À commencer par celui, inviolable, de l’égalité entre l’homme et la femme." Concernant le port de la burqa, il souhaite que les contrevenantes se voient "suspendre toute aide sociale et familiale en cas de récidive".
"L’état de droit n’est pas gravé pour l’éternité dans des tables de pierre". Dans le chapitre qu'il consacre à "L'autorité", le candidat reste convaincu de l’absolue nécessité de déchoir de leur nationalité "ceux qui trahissent la France." Mais selon lui, la première urgence est de mettre en place un centre de rétention fermé ou d'assigner à résidence sous surveillance électronique les Français fichés et susceptibles de constituer menace." Il souhaite également la création d'une cour de sûreté antiterrorisme à l'image de la cour de sûreté de l'État créée par Charles de Gaulle pendant la guerre d'Algérie (1954-1962).
Un service militaire pour les décrocheurs. Par ailleurs Nicolas Sarkozy juge nécessaire d'abaisser la majorité pénale à 16 ans au lieu de 18 et de mettre en place un internat dans chaque académie scolaire pour encadrer les jeunes tombés dans la violence ou inadaptés à un environnement scolaire normal. Les décrocheurs de 18 à 25 ans, quant à eux, seront tenus de faire un service militaire. En cas de refus de l'une ou l'autre structure, Nicolas Sarkozy prévoit de suspendre les aides sociales. Tout un programme pour celui qui se présente comme le rassembleur des Français face à un "ennemi qui n'a aucune limite".